Après la réalisation du talentueux Moonspell, Persephone’s Dream change quelque peu de cap, contre toute attente. Opposition démarre en alignant coup sur coup trois morceaux d’obédience pop/rock, même s’ils sont révisés de manière à ne pas trop égarer l’auditeur. Alors oui, sur le fond, on est encore dans un registre favorisant les ambiances, l’évocation des mythes et légendes, mais standardisé dans un habillage de (folk) rock façon Julianne Regan (All About Eve) plutôt que façonné par une réelle inspiration progressive.
Les attaches ne sont pas tout-à-fait abandonnées, pour autant. Au travers de sa prestation vocale savoureusement planante, "Endymion" renoue avec la dimension aérienne de l’opus précédent, et on retrouve, ici et là, divers ingrédients ayant fait les bons moments de ce Moonspell : quelques sonorités électro dosées comme il se doit (et employées à la manière de ponctuations), un certain remake de "Evident Dreams" avec la basse de "Hyperspace Minefiled", telle un écrin destiné à magnifier le chant, ou le mid-tempo de "Dreamcatcher Static", alternant guitares punk-rock et introspectives, partitions vocales rageuses et rêveuses.
Mais, de manière globale, Opposition se situe nettement dans la mouvance d’un rock FM plus ou moins "dur", délaissant l’éclectisme spirituel de Moonspell au profit de tendances tantôt pop, tantôt gothiques, tantôt punk, parfois teintées de nappes synthétiques, utilisées en filigrane ou en intermèdes modérateurs entre deux riffs sauvages de basse ou de 6 cordes ("Agent Of Chaos", "Stormchaser").
Le grain vocal employé ici par Karin Nicely n’est certainement pas un hasard. Il participe directement à cette réorientation, usant d’une amplitude située beaucoup plus bas dans les registres des médiums, voire parfois de médiums gutturaux.
Le plus ennuyeux, ce n’est pas la refonte stylistique en elle-même, c’est qu’il est difficile d’affirmer que le groupe serait aussi à l’aise dans cette musique typée pop/rock que dans celle de son registre originel. Renonçant au support rythmique utilisé pour le développement de la construction progressive de Moonspell, il faut reconnaître tout au moins qu’Opposition gagne ici un brin de liberté appréciable sur le jeu de la batterie et des percussions. Mais on peut regretter que Persephone’s Dream n’ait pas continué sur la lancée épique de l’album précédent… tant il est vrai qu’on aurait pu espérer voir en Opposition une suite de Moonspell.