Chanteur, guitariste, bassiste, fondateur et accessoirement dernier membre de la formation originelle de 1993, Helmuth est comme tout le monde : il vieillit. Et ce qui commençait à être perceptible sur Walpurgis Rites - Hexenwahn, à savoir un penchant de plus en plus prononcé pour les mid-tempos et les tapisseries mélodiques, devient une évidence avec son successeur, Blood Magick Necromance.
Cela ne fait pas forcément de mauvais disques, toutefois gageons que les aficionados de l'âge d'or des Autrichiens qu'incarnent Necrodaemon Terrorsathan (2000) ou Lucifer Incestus (2003), œuvres rapides dans leur brutalité millimétrée, risquent de ne pas trouver à leur goût cette évolution. Il leur faudra attendre ainsi la cinquième piste (sur huit !) de ce neuvième blasphème pour se faire véritablement perforer les tympans à coup de double grosse caisse et de rythme effréné.
Alors que Belphegor a toujours aimé glisser un titre un peu plus nuancé au milieu d'une avalanche de blasts, c'est désormais l'inverse qui tend à définir la norme. Bien entendu, Blood Magick Necromance, dont la prise de son a été (trop ?) parfaitement assurée par Peter Tägtgren, n'a strictement rien d'une petite bluette romantique et devrait bien encore effrayer quelques bigotes que les déclarations tapageuses du Helmuth choqueront peut-être encore un peu. Il n'en demeure pourtant pas moins que Belphegor écrase franchement la pédale de frein.... ce qui, en fait, n'est pas pour nous déplaire.
Homogène, Blood Magick Necromance débute par quatre compositions aux traits plus lourds que véritablement malsains mais qui font mouche : "In Blood - Devor This Sanctify", mise en bouche dont la vélocité est atténuée par un sens de la mélodie certain et que cisaillent des pans ultra heavy, "Rise To Fall And Fall To Rise", macération plombée qui s'énerve un peu en fin de parcours, "Blood Magick Necromance", rapide et que déchirent lui aussi des décélérations finalement des plus mélodiques et enfin "Discipline Through Punishment", sans doute l'un des morceaux les plus réussis du lot.
C'est étonnamment la seconde partie de l'album qui agglomère les coups de boutoir les plus furieux, malgré ce "Impaled Upon The Tongue Of Sathan" un peu plus lent et le sentiment que Belphegor a perdu en cours de route sa véhémence fielleuse au profit d'un satanisme qui, certes a toujours été un des invariants de son identité, mais qui se réduit maintenant à un occultisme de fête foraine, à l'image du visuel de ce nouvel opuscule, d'une laideur repoussante. Bref, Watain peut dormir sur ses deux oreilles, ce ne sont pas les Autrichiens qui le détrôneront de l'autel impie.
Grâce au savoir-faire de son principal géniteur, le groupe se déleste donc d'une offrande solide qui confirme une direction musicale désormais davantage portée sur les pénétrations lourdes que sur les viols brutaux. Toutefois, Walpurgis Rites, dont il est assez proche, possédait plus de charme et de réussite.