Moins d’un an après son 1er album éponyme, Ordinary Brainwash revient par la grande porte et avec d’autres atouts en main. Un seul homme se trouve toujours à la barre et mène dorénavant de main de maître l’esquisse qui, s’il a pu être frêle voici une douzaine de mois, ne l’est plus.
Tout d’abord Rafal Zak a su s’émanciper des étiquettes qui lui collaient à la peau avec des références telles que Porcupine Tree, Pineapple Thief ou Riverside. La production s’est étoffée, imposant via la section rythmique, une base franchement solide et d’une confiance à toute épreuve. Les sons plus modernes (notamment les loops de claviers) orientent le propos vers une partie plus provocatrice, Time To Tag installant une synoptique permanente qui n’est pas sans rappeler les années déjantées où il était coutume de consommer quelques herbes de Provence dans un cône de papier, l’intervention d’une flûte dans le passage le plus calme du titre portant à son paroxysme cet état déjà bien instable.
L’enchaînement des différentes plages ne laisse aucun répit et l’auditeur peut alors réellement se poser la question : "Mais jusqu’où s’arrêtera-t-il ?". Déjà 4 compositions de passer et la mayonnaise commence sérieusement à prendre, puisqu’à partir de Puppet et son mid-tempo tout en contretemps, le reste du disque déroule sa composante émotionnelle d’une manière suave et "délectaire".
Icons Of Our Generation casse la baraque et assassine le moment de calme qui avait pu se positionner, permettant au final Burnout/The End d’imposer la classe totale au niveau des développements plus audacieux puisqu’alternant déchirements synthétiques (la 6 cordes étant branchée sur de très bonnes pédales) et passages calmes (avec l’utilisation d’un dialogue voix/nappes de synthés-piano).
Finalement, il n’y aura guère eu de répétitions au niveau des sons ou des instruments, rarement 2 fois les mêmes bidouillages, la redite dangereuse est évitée et la déception n’a finalement de raison d’être qu’à la fin du disque décidément trop court (43 minutes). Le point réellement faible de cet opus reste la voix de Rafal qui, avec son timbre monocorde, borne un peu les limites de l’offre et il serait sûrement intéressant d’ouvrir cette composante à une voix supplémentaire (ou complémentaire, au choix).
Comme l’introduction le laissait entendre, Ordinary Brainwash vient de livrer un 2ème essai prometteur et bascule dans la 1ère division du genre, à l’image d’un progressif polonais qui a décidément le vent en poupe. Avec cet opus Rafal Zak ouvre une brèche supplémentaire dans les déjà nombreuses références de l’offre de l’Est Européen. Une réelle bien belle surprise !