Le premier album remonte à 1997, et en 10 ans, le line-up de Persephone’s Dream a déjà bien changé. Chris Siegle a notamment cédé sa place à John Lally, à la guitare basse, et le concept vocal a grandement évolué. Au final, où en est la musique ? Pour simplifier, prenez les élans progressifs de Moonspell et croisez-les avec la mouvance rock un peu plus conventionnelle de Opposition… et vous obtenez la recette de Pyre Of Dreams. De quoi satisfaire le plus grand nombre des oreilles ? C’est bien possible.
Que l’on choisisse de jouer du rock, du progressif, jusqu’aux registres plus hard, ou tout autre style de musique, ou encore un mélange des genres, la condition pour que le fil rouge ne soit pas interrompu est le maintien d’un certain sens sonore ou conceptuel, et l’habileté de cet album, c’est de parvenir à mixer les genres tout en conservant l’unité musicale nécessaire à la cohérence globale.
Pyre Of Dreams récupère bon nombre de tendances propres aux deux opus précédents, tout en diversifiant la partition vocale. Heidi Engel est accompagnée de C.Gray et de D.C.Cooper, offrant des prestations assez intéressantes, notamment en chant d’accompagnement sur "Aphrodite", "Nightfall", ou en lead sur les versions bis de "Soliloquy Of A King" et "Camlann". Le grain vocal un peu va-t-en-guerre du chant masculin apporte un éclairage nouveau à cette musique, en contrastant harmonieusement avec celui d'Heidi Engel.
L’album s’adjuge un petit air de musique FM de luxe avec ses mid-tempo, ses sonorités très chaleureuses -les guitares notamment vont sonner moins punk que sur Opposition- , sa basse aux angles arrondis ("Threnody"), jusqu’aux tendances un peu AOR épaulées de partitions vocales pêchues ("Nightfall", "Android Dreams"). Versant (néo)progressif, l’exploration est assez large également, qu’il s’agisse des tirades quelque peu déjantées affectionnées par le genre (le jeu dansant des claviers de "Synesthesia" par exemple), ou plus traditionnellement orientées vers les montées en puissance de l’instrumentation et de l’évocation émotionnelle ("Aphrodite"). Tout y est pour que le plaisir soit complet : l’orgue Hammond, la basse et les guitares en verve de conquêtes épiques, les chœurs en arrière-plan.
La suite musicale "Temple In Time" n’est pas en reste. Elle occupe 5 plages de l’album et offre une belle place aux variations rythmiques, aux voix et aux sonorités introspectives, tout en s’habillant ici et là de parures celtiques (ou tout au moins, de couleurs ésotériques propres aux fresques médiévales). Bien naturel, pour une création destinée à l’évocation du légendaire royaume d’Avalon et de son roi Arthur.
Cette musique ne remporterait peut-être pas la palme du 'Feeling Awards', s'il en était, mais réalisant une belle jonction des diverses sources d’inspirations de ce groupe, Pyre Of Dreams est un projet qui ne manquera pas de retenir l’attention des amateurs de prog' aux élans combatifs, ou simplement de ceux de rock moderne aux sonorités amples et multiples, ancré dans une culture groove généreusement expressive.