Si Vega groupe semble sortit de nulle part, il n’atterrit manifestement pas n’importe où, soit sur le label Frontiers ! On soupçonne alors quelques pointures et peut-être à nouveau un groupe artificiel calibré pour leur catalogue. Première vérification, le nom de Dennis Ward, pilier du label et membre de Pink Scream 69, Last Tribe et Khymera, n’apparaît pas à la production, mais bien au mastering. Continuons notre recherche et passons en revue les collaborateurs fidèles de Ward. Rapidement, inévitablement, nous tombons sur les jumeaux Martin, Tom et James. Inconnus du grand public, ils ont pourtant composé la plupart des titres de Khymera (avec qui vous savez), et proposé de belles compos à Joe Lynn Turner, House Of Lords, Ted Poley, From The Inside (de Danny Vaughn), ou plus récemment encore à First Signal. Un fameux pedigree !
Le chanteur est loin d’être inconnu. Nick Workman a été vocaliste chez Eden mais surtout chez Kick, groupe de Hard Mélodique qui a connu un certain succès à la charnière des années 2000. Le batteur est un fidèle des frères Martin qu’il a suivi dans la plupart de leurs projets. Alors, groupe composite opportuniste ou bien "true band" ? La question reste posée, même si tout semble pencher pour la première suggestion. Mais finalement, il ne s’agit là que d’approches un peu trop intellectuelles. Or la musique et surtout ce style destiné uniquement à nous faire remuer les boucles, s’écoute avec les tripes, et des tripes de préférence bien remplies de bière blonde. Alors, fi des considérations techniques, écoutons à fond !
L’album démarre sur les chapeaux de roues. Si vous aimez les claviers bien ancrés '80's, des mélodies catchy à souhait, des riffs hyper faciles à mimer en air-guitar, vous allez adorer. La voix de Workman rappelle celle du chanteur de Zinatra, Joss Mennen, leader de cet excellent groupe hollandais un peu obscur, qui a eu dans ses rangs le fameux Robbie Valentine. La musique est d’ailleurs du même tonneau, très mélodique, bourrée de claviers et une pincée de happy métal qui vous donne presque envie de chanter avec eux à tue-tête. Les claviers sont véritablement très présents et assez variés, mais leur dextérité et parfois leur sonorité, rappellent un maître du genre, Jimmy Waldo, qui a débuté dans le légendaire New England. "Another" où apparaît le fameux Al Greenwood (Foreigner, Spys, ...), manque finalement peut-être un rien de personnalité mais les références sont excellentes.
Les quatre premiers titres sont vraiment jouissifs, avec le single "Kiss Of Life" en tête de proue. On se dit qu’on tient là de justesse un top 5 mélodique de 2010, mais la suite va les faire trébucher au pied du podium. C’est en effet là que Vega se décide à nous servir la soupe, avec "Too Young For Wings", un slow lourdingue et inintéressant. On ne le dit pas assez, mais l’exercice de la ballade langoureuse est des plus difficiles. Nombreux sont ceux qui s’y sont magistralement plantés (Scorpions dont c’est pourtant la spécialité a fait très fort dernièrement...).
Après l’excellent "Another" et ses chœurs who whou, s’en suivent quelques titres empreints de bonne volonté mais qui n’arrivent pas à la hauteur du CV de leurs auteurs. "Stay With Me" se veut plus hard, mais la voix déraille un peu vers George Michael, ce qui fait quand même un peu mauvais genre. Dans le mid-tempo "What It Takes", Nick fait l’effort de varier son chant, mais l’intensité n’est pas là. Citons encore pour mémoire un "SOS" entraînant mais mal mixé. Trop de points faibles pour maintenir l'excellent niveau du début, couplé avec une certaine linéarité de style, voire de recette. Mais nous gardons là un album plaisir, qui aurait cependant pu, avec un peu plus d’investissement dans les compositions, nous emmener encore bien plus loin. Qui sait, une prochaine fois!