Dans l’absolu, un mauvais disque de Nashville Pussy peut-il exister ? La question mérite d’être posée. Personne n’est à l’abri d’un faux pas, même l’éternelle référence des Américains, AC/DC, a connu des baisses de régimes (l'exégète Loloceltic ne sera certainement pas d'accord).
Pourtant, depuis 1998 et le fameux Let Them Eat Pussy, le groupe peut se vanter d’un tableau de chasse impeccable, qui réussit même l’exploit de se bonifier avec le temps. De fait, on a l’impression malgré (ou à cause de) la simplicité de sa musique, que Nashville Pussy, alchimiste à santiags, a dégoté une formule magique, une recette miracle capable de transformer du whisky de contrebande en un nectar vieilli dans un fût de chêne. Immuable, son Rock mâtiné de relents sudistes et bluesy est reproduit chaque fois à l’identique (ou quasiment) et pourtant, ça marche à tous les coups.
Séparé de son prédécesseur, Say Something Natsy, par trois années, temps anormalement long pour les Ricains, comblé toutefois par la fabrication d'un premier DVD (Keep On Fuckin' In Paris), Get Some ne déroge pas à la règle. Blaine Cartwright (chant et guitare), sa délicieuse épouse Ruyter Suys (guitare), Jeremy Thompson (batterie) et la nouvelle bassiste Karen Cuda, semblent s’être installés dans le studio, ont branché leurs instruments et ont envoyé la sauce comme ils savent le faire, avec une facilité désarmante.
Le Rock, le vrai, celui qui sent sous les bras, qui parle de sexe et de beuverie, coulent dans leurs veines et alimentent des compostions qui parviennent, par on ne sait quel miracle, à ne jamais tout à fait ressembler à leurs devancières. On veut dire par là qu’en dépit d’un style fixé et immobilisé depuis les débuts, l’impression de 'déjà entendu' ne se ressent pas. C’est cela la magie de la chatte de Nashville : respecter une formule peut-être pas très originale (le groupe s’en fout de toute façon) sans pour autant se prendre les pieds dans le piège de la redite, de la photocopie.
Ainsi, Get Some creuse un sillon (forcément) identique à celui de ses glorieux et humides aînés mais reste clairement identifiable. Entre reprises (dont celle du "Snowblind" d’Ace Frehley), exercice dans lequel le groupe est passé maître, celui-ci aligne selon son habitude une belle brochette de morceaux râpeux et sales comme des tampax usagés, rapides le plus souvent ("Come On Come On"), plus lents parfois ("Hate And Wiskey", "Good Night For Heartback", très ZZ Top première période dans l’esprit) mais toujours introduits par des riffs ‘jouissivement’ rock’n’roll ("Raisin’ Hell Again", "Hell Ain’t What It Used To Be" et bien d’autres encore) moulinés par la pile électrique Ruyter Suys, petite par la taille mais généreuse par le feeling et la poitrine.
Que dire de plus qui ne l’ait pas déjà été par les précédentes chroniques ? Rien si ce n’est que Get Some se veut encore une fois une rondelle imparable qui transpire le stupre et le cambouis, taillés pour la route et la scène.