Pour leur cinquième album, les Américains de Persephone's Dream nous entraînent dans un long concept décliné en 19 pièces. Après une courte introduction à la flûte, l'album s'ouvre sur une compilation de "Voix de la Terre", déclamant tour à tour un message dans leur langue d'origine, cette dernière allant du français au tibétain, en passant par tous les continents, la flûte poursuivant son thème initial rappelant Saint-Saëns.
Pan's Labyrinth va ensuite véritablement lancer la partie musicale, pour une première partie d'album au court de laquelle tous les ingrédients du rock progressif et de sa version conceptuelle vont être déclinés : thème récurrent repris régulièrement sous des formes à l'aspect différent, passages instrumentaux encadrant la trame de l'histoire chantée par trois intervenants jouant autant de rôles, et surtout de multiples colorations sonores, allant de la chanson intimiste (Those Who Remember) au titre progressif en diable (Pan's Labyrinth et ses parties évoquant IQ), avec passages symphoniques ou encore jazzy, mais aussi une petite perle instrumentale au timbre cristallin (Chaosong). Une bien belle variété en tout cas, légèrement ternie par quelques titres moins aguicheurs comme Sidewalk Soliloquy ou Nectar Of The Gods. Arrangements intelligents, ni trop simples ni trop complexes, interventions vocales soignées, la réalisation est incontestablement de très bonne qualité.
Cependant, malgré une lecture attentive des paroles, il est toutefois difficile de restituer le concept proposé derrière l'histoire de Pan : mélange de mythologie grecque et d'humanisme ? Les symboles sont nombreux, et les anglicistes avertis les décoderont probablement mieux que votre serviteur. Néanmoins, le tout s'écoute comme l'on regarderait un film, en suivant une trame certes mystérieuse sur le plan des paroles, mais plutôt limpide concernant la musique.
Pourtant, au milieu de cet océan de clarté, la présence des deux dernières plages, représentant à elles seules près de 20 minutes de musique, apparaît un peu moins évidente. Impossible de retrouver l'esprit des plages précédentes, tant sur le sautillant et répétitif Erato's Pulse que sur Silhouette, version modernisée et actualisée d'un des premiers titres du groupe, leur longueur finissant par rimer avec langueur.
Album ambitieux, au titre évoquant (un hasard ?) le film de Jim Morrison, HWY, An American Pastoral (peut-être pour en faire l'antithèse ?), Pan, An Urban Pastoral répond partiellement aux ambitions de ses géniteurs : proposer une musique complexe qui parle autant aux sens qu'au cortex. Sur cette pure définition, on peut dire qu'il s'agit d'une réussite dont la qualité est simplement amoindrie par une fin tirant en longueur.