Ukab Maerd est un projet mené par deux des fondateurs de Djam Karet, complétés en l'occurrence par une des sommités de la musique électronique, le célèbre Richard Pinhas, âme du non moins célèbre Heldon. Profitant visiblement de la sortie de leur dernier opus, The Heavy Sould Sessions, sur lequel notre frenchie est également crédité, le duo nous sort cette galette, fruit de multiples improvisations et autres programmations électroniques, dans un style décrit par le groupe comme se rapportant à la musique électronique européenne du début des 70's.
Inévitablement, les connaisseurs de cette époque tourneront leurs regards vers l'Allemagne, et plus précisément vers un "petit groupe" composé entres autres d'Edgar Froese et Klaus Schulze. Et effectivement, les 64 minutes de The Waiting Room font plus que rappeler le Tangerine Dream du début des 70's, pour la période s'étalant grosso modo d'Electronic Meditation à Stratos Fear.
Vouloir copier de telles références, et dans un style expérimental qui n'est plus franchement en vigueur de nos jours, est probablement une gageure, pour ne pas dire une chimère. Loin de juger la qualité intrinsèque de la réalisation de cet album, le moins que l'on puisse dire c'est que l'auditeur risque de fermement s'ennuyer.
Pour ouvrir le bal, les 23 minutes de The Cave vont dérouler une ambiance planante, dans laquelle ni mélodie ni rythmique ne pointent le bout de leur nez. Et il faudra encore attendre une bonne poignée de minutes avant que White Light No Heat ne daigne nous proposer quelques arpèges synthétiques au sein d'une ambiance cotonneuse, se terminant sans réel développement et laissant l'auditeur sur sa faim.
Gods Elastic Acre va ensuite nous balader du côté expérimental de la chose, pour un voyage au bout de l'ennui évoquant avec force les tous premiers albums des Allemands, ceux qui se révèlent quasiment inécoutables de nos jours.
Seule la dernière plage, pour laquelle Ukab Maerd semble avoir carrément samplé quelques accords de Tangerine Dream, va finalement proposer quelques moments d'intérêts, ces derniers étant tout de même très relatif compte tenu de la qualité globale de l'ensemble.
Ukab Maerd tire son nom d'un titre de Djam Karet, Baku Dream écrit en sens inverse, les Baku étant les esprits du monde des rêves dévoreurs de cauchemars. Sa musique se veut une représentation de ce que le Baku ressent après avoir passé un certain temps dans la zone sombre à lutter contre ces mauvais rêves : pas sûr que le résultat soit à même de redonner le moral à ce pauvre Baku. Pour ma part, j'ai longtemps lutté contre la tentation d'appuyer sur la touche Stop avant la fin de cette galette, attendant ne serait-ce qu'une petite étincelle. En vain.