Disons-le tout net : le groupe suédois Moon Safari est actuellement l’un des meilleurs pour les harmonies vocales. Les deux albums précédents avaient annoncé la couleur, et "Lover’s End" ne fait qu’enfoncer le clou : les chœurs sont d’une précision impeccable. Utilisant toujours les mélodies enjouées, le quintette devenu sextuor avec un Åkesson de plus dans le line-up (Sebastian, aux claviers, guitares ... et naturellement au chant), superpose les lignes vocales un peu à la façon de Yes, avec un petit côté Flower Kings pour dynamiser le tout et apporter la touche technique qui fait souvent mouche (‘Heartland’, lumineux), l’ensemble étant servi par une production précise et extrêmement claire, chose indispensable dans le progressif symphonique, surtout avec autant de plans vocaux.
Les amateurs retrouveront donc avec un plaisir immédiat cette ambiance insouciante et directement plaisante, la recette n’ayant pas varié par rapport aux albums précédents. Les adversaires, eux, pourront se dire que trop d’optimisme tue l’optimisme, et que cette euphorie continuelle reste bien superficielle. Ce serait oublier les indéniables qualités techniques des musiciens, impeccables à tous les postes. Il n’en reste pas moins qu’on adorerait les voir dans un registre moins guilleret : les titres les plus réussis de l’album sont les plus mélancoliques, tels ‘Southern Belle’ avec son magnifique thème vocal et sa très sensible interprétation, ou surtout l’énorme ‘A Kid Called Panic’, agréablement inventif, surtout au niveau des claviers.
Si quelques titres se perdent dans la joliesse légèrement trop sucrée (‘Crossed The Rubicon’ ou ‘New York City Summer Girl’, par exemple), l’ensemble finit par emporter l’adhésion. Mais Moon Safari aurait probablement à gagner en émotion en cherchant par moments, sans se compromettre, un peu plus de gravité.