La recherche de quelques renseignements sur nos voisins suisses de Nucleus Torn afin d'agrémenter la chronique d'Andromeda Waiting, provoque la grande surprise de découvrir, sur des chroniques de leurs œuvres précédentes, l'évocation de connotations heavy-métallesques. Grande surprise en effet, tant ce dernier opus, venant conclure une trilogie entamée avec Nihil et Knell se trouve bien éloignée de toute sonorité un tant soit peu électrique. Difficile à imaginer lorsque l'on découvre le groupe avec cet album.
Articulées autour de deux titres épiques, les six plages qui composent Andromeda Waiting ne forment finalement qu'une seule pièce, sorte de symphonie mélancolique délivrée sur tous les modes : folk, classique tantôt symphonique tantôt dépouillé en forme de récitatif pour voix ou instrument solo, ou bien encore médiévale, la musique proposée ici par une foultitude d'instruments à cordes ou à vent, entraîne l'auditeur dans une sarabande émotionnelle propice à l'éveil des sens. Réunis dès la première plage, tous ses ingrédients vont composer un univers onirique, en aucun cas dépressif.
Puis, quand la voix de Maria d'Alessandro vient se poser derrière des cordes à la réverbération soigneusement dosée dont la sonorité soudain s'atténue (II), l'enchantement est alors à son comble, l'émotion portée à fleur de peau. Et même si IV nous distille un propos un peu plus "violent" (attention, les guillemets prennent ici toute leur importance !) dans sa partie centrale, c'est comme pour mieux magnifier l'ensemble.
Alors certes, quelques longueurs viennent bien parsemer la dernière plage, mais la clôture de celle-ci, reprenant le thème de la première dans une subtile variation en dissipe rapidement le souvenir, laissant ensuite enfin place au recueillement sous la forme d'un silence de quelques secondes, choix judicieux s'il en est pour permettre de savourer ce voyage fantastique.
Mutation pérenne ou simple artefact dans le parcours musical de Nucleus Torn ? Toujours est-il que, même s'il demande une qualité d'écoute importante pour en apprécier toute la subtilité et la beauté, cet album est à déguster non seulement par les oreilles, mais également par toutes les pores de la peau.