KILLERS (FR): Contre-courant (THRASH) : avis / chronique à lire sur Music Waves

Trois ans ont passés depuis le décevant "Cités Interdites". Trois années durant lesquelles le groupe a de nouveau été confronté a d’importants changements de personnel. Les guitaristes Pascal Soria et François Merle ont été remplacés par Fabrice Arnouts, alors que David Pepiot, après un passage éclair, cède la basse à Alain Garces. Mais alors que l’instabilité avait desservi le groupe lors de son précédant album, ici nous ne pouvons que nous réjouir du résultat. En effet, derrière une pochette au graphisme inhabituel pour les Basques, se cache un album de très bon niveau. Dès le premier titre, on ne peut que constater qu’un effort méritoire a été fait pour rendre le propos de Bruno Dolheguy accessible. La diction difficilement compréhensible qui altérait grandement l’efficacité de "Cités Interdites" n’est ici plus de mise. Et lorsque que l’on sait que les textes du groupe sont un de ses atouts majeurs, on ne peut que s’en réjouir.

Ainsi, dès "Ennemis Publics N°1", un Thrash surpuissant et très véloce, on peut se régaler de paroles très acerbes. Le support musical, un Speed-Métal très bien maîtrisé est également du meilleur effet. Il n’y a guère que le doublement de certaines parties de guitares et de batteries qui surprennent et qui se révèle vite assez superflu. Dès le second titre, cette petite faute de goût disparaît et on donne dans un Speed / Thrash bien bourrin qu’aèrent quelques soli de guitare et quelques passages décalés. C’est le cas avec "Fatalité" et son pont guilleret, qui n’est pas sans rappeler Helloween dans sa période 'citrouilles en folie' (1986 / 1988).

De plus, passés les 3 premiers titres, monolithiques et assez unidimensionnels, le groupe diversifie sa musique en y incorporant, soit des variations de rythmes (l’excellent "Anonyme Loque"), soit un groove un peu plus Rock ‘N Roll ("Ethyliquement Votre"), voire même des passages aériens. L’ensemble est toutefois bien direct avec des morceaux ultra efficaces à l’image d’un "Resistance" qui voit Bruno Dolheguy moduler sa voix de manière très heureuse.

Même si quelques titres restent dispensables ("Contre-courant") et que le disque s’inscrit dans un style bien défini, celui-ci reste une réelle réussite. On pourrait à la rigueur pointer quelques pistes de progression. Dans un premier temps, le son de la batterie qui semble parfois un peu trop étouffé. Il est également dommage que Bruno Dolheguy se cantonne à son rôle de critiqueur, et se limite à dresser un portrait acerbe des travers qu’il trouve dans notre société. En effet, bien qu'il soit plus que crédible ainsi, il serait intéressant de le voir affûter sa plume et sa vision des choses au travers d'un propos plus positif. De le voir convertir sa rage pour qu’elle ne s’exprime pas uniquement par le rejet, mais également par la proposition. Qu'il prenne le contre-pied du nihilisme d'un "Assez" en prenant un peu d'hauteur. En effet, s’il est indéniable que le bougre possède un réel talent d’écriture pour exprimer une rage qui se marie à merveille avec le heavy qu’il affectionne, on aimerait le voir se montrer plus ambitieux et plus original.

Mais bon, soyons honnête, peu de compositeurs sont aussi crédibles que lui un stylo à la main… Un très bon cru, peut être pas encore un 'Classique', mais nous n’en sommes pas loin.

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