Après l’excellent In The Mist Of Morning de Nordagust, qui a fait frissonner de contentement la sylve norvégienne, voici venu des fjords un nouveau groupe se réclamant quant à lui de grands noms du prog des années 70. Morild a en effet réuni tous les éléments de cette glorieuse époque pour nous livrer un premier album (double, s’il vous plait !) : morceaux longs aux intros plus que conséquentes, développements musicaux à étages, breaks et sonorités vintage. Souvenirs ...
Rarement les influences auront été aussi palpables que sur ce Time To Rest : Jethro Tull grâce à la flûte de Haug Lund ( All I Wanted), Camel avec les longues intro symphoniques ou les sons de synthés très typés 70’s (When The Night Turns To Morning), Mike Oldfield pour le son de guitare (Slave Ship III) ou Procol Harum avec les sons d'orgue. Pour la plupart, les morceaux sont variés avec des breaks bien conçus maintenant la continuité de l’écoute. Tous les ingrédients semblent donc réunis pour nous servir un menu teinté de nostalgie.
Et pourtant, la sauce ne prend pas. Le quatuor, qui évolue sous une forme légèrement atypique (le chanteur chante, le batteur bat, le bassiste basse, mais c’est le même homme qui tient à la fois claviers et guitares), peine à insuffler l’énergie nécessaire à l’envolée émotionnelle. C’est que l’interprétation est par trop entachée d’approximations : des imprécisions de mise en place (Apus Apus), un basse pénible (Two Glasses), une batterie très scolaire et un chanteur officiant avec une voix moyenâgeuse de ménestrel (et quelques faussetés à la tierce sur Blackbirds Lullaby) plombent lourdement le style.
Cet album reste ainsi une énigme : le combo n’est pas débutant (Oad-Roar et Nils sont des amis de trente ans), la conception n’est pas mauvaise (il y a même des passages plutôt réussis à l’image de l’entrecroisement des guitares sur Early This Morning, ou la fin de Circus), et l’utilisation des sons vintage pourrait être stimulante (sans tomber dans la ringardise, comme c’est le cas sur l’intro de Time To Rest). Pourtant le soufflé retombe très vite, et assez platement ; comme quoi il ne suffit pas de réunir les bons ingrédients pour réussir sa recette : encore faut-il que les marmitons aient du talent.