Quatre années après leur première démo dont on retrouve ici deux des cinq titres, les Francilien(ne)s Les Becasses nous reviennent avec leur premier album autoproduit. Malgré les apparences, seul un des onze titres ici présents ne dépassant les 2 minutes 15, nous n’avons pas là un nouveau disque des mémorables Stormtroopers Of Death, mais bien un album de Power-Pop, teinté de Grunge. Pour autant, loin des clichés entourant ce dernier style, l’ambiance musicale donne ici plutôt dans la fraîcheur. Sans aller jusqu’à parler d’exultation (rassure toi Kurt), le propos est globalement entraînant et surtout, le format des chansons aidant, très direct. A tel point que l’on flirte parfois avec de la Surf Music, et que l’esprit de The Ventures ou des Go-Gos ne semble pas très éloigné.
Le chant en anglais est bien maîtrisé, avec parfois une petite touche franchouillarde / naïve ("What’s Up"), qui se marie très bien avec le style Garage-band. Pour le reste, les compositions sont construites autours de rythmiques solides (pas l’ombre d’un solo utilisant plus de 3 notes) et de mélodies rapidement assimilables. A mille lieux des récentes errances psychédéliques et démoralisantes de Stone Temple Pilot et Alice In Chains, la musique est ici jouissive, positive et immédiate. Pas de prise de tête, mais du bon temps spontané et primaire. Comme le format ultra court des titres proposés (11 morceaux pour moins de 23 minutes !) permet d’éviter tout sentiment de redondance, nous sommes plongés dans un bain de Rock très plaisant.
Alors, il ne faut tout de même pas s’enflammer, et crier au génie. Le sentiment d’être en terrain connu ne nous quitte guère, mais la guitare circulaire de "Latex Square", ou bien les chœurs, qui mériteraient une meilleur exposition, de "Honey" et "Lost & Found", sont du meilleur effet. Une reprise vitaminée du "Horror Hotel" de The Misfits ("3 Hits From Hell" - 1981) sur laquelle la voix se charge de morgue et d’arrogance, constitue également un des bons moments de ce "Berlin". Le travail sur la mélodie et le rythme de ce titre lui rendent pleinement hommage. "Bunny Girl' qui suinte les ambiances à la Chris Isaak, présente également des atouts non négligeables.
Comme indiqué plus haut, on aurait aimé sentir les vocaux (voix principales et chœurs), ainsi que la batterie, mixées un léger poil plus en avant. Mais cela reste relativement anecdotique, le style musical pratiqué ici s’accommodant sans trop de dommages d’une production perfectible.
Une très bonne surprise donc, pour un disque qui est malheureusement difficile à se procurer (le groupe ayant eut l’idée bizarre de ne sortir cet album uniquement en vinyle blanc et en téléchargement gratuit) Reste à attendre l’évolution future du groupe. En effet, le genre pratiqué restant très limité, il n’est pas assuré que le groupe parvienne à rééditer une nouvelle fois l’exploit de tirer le meilleur parti d’un style musical assez borné, pour aboutir à un résultat aussi intéressant que jouissif. Une évolution encore plus marqué vers la Surf Music, à l’image des Washington Dead Cats pourrait être une option savoureuse. A suivre…