Lorsque qu’un groupe vient de vendre un wagon de son premier album, en particulier aux Etats-Unis, il y a peu de chance pour qu’il révolutionne sa musique sur son second opus. C’est exactement le cas pour Foreigner avec un "Double Vision" qui prend la suite d’un premier album éponyme qui s’est vendu à 4 millions d’exemplaire. Cependant, si l’ensemble reste proche de l’éponyme "Foreigner", il serait injuste de dire que le groupe de Lou Gramm et Mick Jones n’évolue pas d’un iota.
En effet, dès les premiers accords de "Hot Blooded", il est évident que Foreigner est capable de durcir le ton. Simple, direct, efficace et doté de paroles machos à souhait, ce titre s’impose comme un classique du Hard-Rock avec ses guitares bien râpeuses. Il constituera d’ailleurs un hit incontournable et squattera les différents tops en compagnie du titre éponyme de l’album œuvrant lui aussi dans un bon Hard-Rock accrocheur et mélodique. Enfin, tout comme son prédécesseur, cet album fournira un troisième tube avec le mélancolique et entraînant "Blue Morning, Blue Day" et son refrain entêtant. Au côté de ses titres désormais entrés dans la légende du Hard dit FM, la fin d’album est également de qualité avec un "Lonely Children" au riff lui-aussi accrocheur, et surtout, le superbe "Spellbinder" et ses variations de tempo.
Malgré tout, "Double Vision" n’est pas dénué de quelques défauts, à commencer par des ballades sirupeuses dispensables, et si "You’re All I Am" n’est pas désagréable, "I Have Waited So Long" sombre quant à elle dans la guimauve. Il est d’ailleurs à signaler que ce titre est chanté par Mick Jones, tout comme le pop-folk "Back Where You Belong". Rajoutez à cela un instrumental assez répétitif et aux sonorités flirtant avec celles du Alan Parson Project ("Tramontane"), et vous pouvez vous questionner quant à l’intérêt de posséder un chanteur aussi exceptionnel que Lou Gramm dans ses rangs, si c’est pour s’en priver sur presque un tiers de l’album. Nous noterons cependant l’apparition d’un saxophone, certes discret, sur quelques harmonies ("Double Vision" et "I’ve Waited So Long"), preuve que le sextet cherche à faire évoluer sa musique.
Ces considérations n’empêcheront pas "Double Vision" de se vendre à 5 millions d’exemplaires et d’installer Foreigner dans les hautes sphères d’un style que le groupe participe fortement à créer : l’Aor. Et si tous les titres n’ont pas tous particulièrement bien vieilli, une bonne moitié d’entre eux suffit à justifier la présence de cet album au sein de votre discothèque si vous êtes un amateur du genre.