Moria Falls avait, avec sa première livraison (“The Long Goodbye”), marqué les esprits d’une manière indélébile tant la production, les compositions étaient un cran au-dessus dans le mouvement néo-prog du moment. Avec “Embrace”, la direction prise semble être différente et cela se ressent dès la pochette, puisque passée d’un dessin imaginaire à une photo plus directe, avec aussi la disparition de titres au-delà des 10 minutes en signe de concentré et un travail de production sur les voix pour plus d’ampleur par le, toujours présent, Clive Nolan.
Tearing At The Heartstrings démarre fort sur un rythme soutenu avec batterie/basse/claviers en pourfendeurs, mais le soufflet retombera dès les passages vocaux. Ce même schéma se répètera avec Crime Of Passion, avec un plus notable pour ce dernier lorsque le break central orientera la deuxième partie vers un son plus acéré au niveau des 6 cordes. Le rapprochement avec Shadowland sera alors plus évident, d’autant plus qu’un soli final déchirera le ciel.
Malgré un nombre conséquent de marques de fabrique néo, la globalité de l’ensemble semble mièvre avec un sentiment d’inachevé qui plane sur l’opus tout entier. Les solis sont expiés de leur longueur, les intéressantes mélodies sont plus que rétrécies au lavage et le plus au niveau des vocaux est extériorisé à un point plaquant toute velléité d’amélioration au sol. Même The End Game (titre prémonitoire ?) n’y fera rien, la levure ne fait pas effet et la pâte reste fixement plate.
Alors attention, ce disque n’est pas si mauvais qu’il y paraît, mais la baisse de régime avec son prédécesseur est trop importante pour supporter la comparaison. Ce "Embrace" est malheureusement terne, plat et ne provoque pas le déclic salvateur que l’auditeur pouvait espérer en sortant de "The Long Goodbye".
Un conseil à donner à ceux qui tenteront l’aventure Moria Falls : commencer par ce disque puis basculer vers l’album du commencement, le sentiment de progrès sera alors inversement proportionnel à la date de parution. Somme toute, un bon disque de néo mais plombé par son prédécesseur qui avait malgré tout, placé la barre bien trop haute pour maintenir un rythme de qualité espéré.