Originaire d’Uruguay, Guachass est né en 2004. Trois jeunes musiciennes accompagnées d’un solide cogneur sont donc la cause de ce premier album datant néanmoins de 2007. Autant le dire tout de suite, si un certain label gentiment nommé Oui Oui Records n’avait pas eu l’excellente idée de rééditer cet opus (la tournée avec Loading Data et Water Pipe Cult sur le sol français n’y est sans doute pas étrangère), le nom de Guachass serait certainement resté complètement inconnu, sur ce côté de la planète, bien entendu.
Ceci aurait été d’autant plus regrettable, car cette formation très énergique propose un stoner-rock puissant qui tire ses racines de combos particulièrement influents à l’aube des seventies, comme le M.C.5 et les Stooges. Mais plus encore, Guachass dispose d’un sens persuasif de la composition qui bastonne. A cela, la production assurée par le guitariste de Los Natas (trio stoner-psyché réputé en Amérique latine) Sergio Chotsourian, renforce cet aspect plutôt sauvage et costaud. Le son de guitare est lourd, gras, bon. Quant à la chanteuse, elle assure avec un certain panache oscillant entre sensualité et relative brutalité due à certains aspects encore juvéniles de sa tessiture.
En quelques trente minutes et onze morceaux taillés dans le rock, le quatuor au trois quart féminin n’est visiblement pas là pour conter fleurette. Sa musique n’a absolument rien d’inventif mais carbure à la tequila frappée sous un soleil brûlant. "Dirty Harry" et son matraquage de caisse claire en guise de bastos crachées par le 44 Magnum du célèbre inspecteur se révèle d’une forte résonance purement rock’n’roll. Bien que très courts, les titres fusent comme des boulets de canons dont les réminiscences punkoïdes sont perceptibles dès les premières mesures. "Ruteco", "Terry" et le fracassant "No Direction" martèlent sévères tout en démontrant une certaine fierté d’appartenir à un courant pour lequel le glas est bien loin d’avoir sonné.
L’instrumental chaud et piquant "Pulpo" sous ses faux airs bluesy marque également l’attention, tout comme "La Vie Est Trahison" dont la construction n’est pas sans rappeler les frasques du formidable duo Ringer / Chichin. La seule reprise présente sur cet album n’est pas de première jeunesse mais marque tout de même l’avènement du Punk. En effet "Blank Generation", de Richard Hell And The Voidoids, a eu un impact non négligeable sur le monde musical que l’on connaît aujourd’hui.
Cette première production signée Guachass ne manque donc pas d’intérêt par son contenu fumant et terriblement accrocheur. Gageons simplement qu’il y ait une suite aussi encourageante et déterminée pour succéder à cet album chaudement recommandable qui revient de loin.