"Naked" est le douzième album studio de Joan Jett et le premier depuis 10 ans (le dernier étant "Pure And Simple"). Dix années de traversée du désert pour les Blackhearts car entre temps il y a eu la parenthèse "Evil Stig" qui faisait tout de même un peu opportuniste.
Pressés par leur partenaire au Japon et en reconnaissance au soutien de cette nation depuis le début de sa carrière, Joan Jett et Kenny Laguna décident de reprendre le chemin des studios et composent –avec d’autres auteurs habituels du combo- 16 titres rock. Selon les dires de Kenny, ce disque est le meilleur qu’il est pu produire pour Joan Jett et nous pensons qu’il n’est pas loin d’avoir entièrement raison.
La production est plus que montée d’un cran. La section rythmique soutient parfaitement chaque composition, la voix de Joan a repris de l’ampleur et, tout en gardant sa texture si reconnaissable, mène le bateau d’une stabilité déconcertante. La guitare s’est assagie, les claviers font leur apparition (notamment sur Kiss On The Lips) et les chœurs sont plus nombreux.
Cependant, les titres qui font la marque de la belle sont présents, Tube Talkin’; Naked; Science Fiction, Double Feature; Can’t Live Without You pour ne citer qu’eux, impriment leur tempo à ce disque démontrant que la rebelle est toujours aux commandes, à l’image de Five très hard rock, un sommet de cette galette.
Baby Blue -écrit avec Kathleen Hanna- proche dans l’esprit d’un La Grange (ZZ Top) ouvre un portefeuille de possibilités que Jett n’avait pas encore osé utilisé sur un thème osé dans la même veine de Kiss On The Lips.
Season Of The Witch mange sur deux tempos, l’un lent pour les couplets et l’autre plus ample et soutenu avec des guitares libérées pour le refrain : une composition que Jett aurait pu chanter 10 ans plus tôt mais qui prend toute son ampleur en 1994 avec cette production aux petits oignons.
A noter tout de même que Fetish et Baby Blue étaient déjà présents sur la compilation "Fetish" sortie en 1999.
Joan Jett a mis dix ans pour mettre au monde "Naked" et bien lui en a pris car l’opus est au-dessus que tout ce qu’a pu sortir le groupe depuis vingt ans et "Glorious Results Of A Misspenth Youth". Une très belle livraison à posséder dans la discographie de Joan Jett, même si l’impression d’avoir voulu calmer le propos est réelle et ne peut être éludée. Ce disque est celui que le fan attendait et réconciliera aussi les autres qui doutaient des capacités de rebond du combo qui, sur sa lancée, sortira "Fetish" deux ans plus tard.