Alors qu’ils avaient pu écrire leur premier album sans aucune pression, les membres de Twisted Sister vont devoir composer avec les délais et l’attente provoquée par un "Under The Blade" en tous points remarquable. Cependant, à l’image de son inquiétant frontman, le quintet ne semble pas du genre à être facilement impressionnable. Doté d’une identité déjà très marquée, le groupe arrive donc avec son nouvel opus et annonce clairement la couleur en l’intitulant d’un "You Can’t Stop Rock’n’Roll" sans équivoque.
Pour confirmer l’essai, Dee Snider et sa bande utilisent les mêmes ingrédients que sur "Under The Blade" tout en en modifiant les dosages. Voilà qui permet de se retrouver en territoire connu sans pour autant souffrir d’une impression de redite trop importante. En effet, pour ce nouvel album, Twisted Sister favorise nettement le côté festif et hymnique de sa musique et seuls le vicieux et tranchant "Like A Knife In The Back", et un titre éponyme aux variations de tempo et aux guitares sales et accrocheuses, représentent la face sombre de la sœur tordue, même si "The Power and The Glory" et son accélération cinglante peut éventuellement y être également assimilé.
Pour le reste, le combo nous assomme à grands coups de riffs simples et efficaces ("The Kids Are Back"), voire carrément basiques mais irrésistibles ("We’re Gonna Make It"), le tout doté de refrains imparables en forme d’hymnes ("I Am (I’m Me) "), celui obsédant de "Ride To Live, Live To Ride" étant parfaitement calibré pour le public biker. Au milieu de cet enchaînement de hits en puissance, Twisted Sister innove un peu avec sa première power-ballade ("You’re Not Alone (Suzette’s Song)") dédiée à l’épouse de Dee et qui, sans révolutionner le style, montre que le chanteur est capable de moduler son chant et d’y faire passer un peu de sensibilité. Ce dernier s’impose d’ailleurs à nouveau comme un frontman à part et à la personnalité imposante, sans pour autant occulter une redoutable paire de guitaristes alternant les soli avec classe, et une section rythmique qui n’est pas là pour amuser la galerie comme le prouve le solo simple et efficace dégainé par A.J. Pero à la fin de l’incisif "I’ll Take You Alive".
"You Can’t Stop Rock’n’Roll" transforme donc sans peine l’essai marqué par "Under The Blade", et s’il présente un Twisted Sister un peu plus consensuel, il impose cependant le quintet comme un combo désormais incontournable et avec lequel il va falloir compter dans un paysage Glam-Hard-Rock en pleine explosion au pays de l’oncle Sam. Par contre, il semble bien s’être approprié le rôle du méchant au milieu de la multitude de formations aux coiffures peroxydées et aux déhanchés équivoques.