Cinq années après le très Rock "New Yor-coeur", CharlElie nous revient avec son 19ème album. Un disque dont l'entame exhale une forte odeur de continuité. En effet dès le premier titre, "Les Statuts De Ma Liberté", nous retrouvons aussi bien la voix nasillarde du Lorrain, que la thématique liée à son précédent opus, à savoir sa ville d'adoption, New York. Et si l’ambiance bluesy est un peu plus surprenante, nous avons tout de même le sentiment d’être en terrain connue. Sensation renforcée par un "Phosphorescence" qui, sous des aspects plus modernes (du fait de gimmicks électroniques, et malgré un banjo lancinant), nous renvoi au passé récent du chanteur.
Avec "Les Ours Blancs", nous avons enfin le sentiment de passer dans une autre dimension. Sa voix se fait plus chaude, plus lourde, et la musicalité des paroles gagne en intensité. Même si le texte, qui aborde les déséquilibres Nord / Sud et la surconsommation, peine un peu sur le final, le morceau se révèle envoûtant et fort. Cette impression positive est accentuée par un "Phenix" qui, au travers de ses plus de 9 minutes, nous berce de sensations diverses. Le propos se fait plus varié, plus énigmatique. On passe d’ambiances hypnotiques et inquiétantes à des passages plus violents, puis aériens, le tout avec pour point commun de rester captivant de bout en bout.
Les trois titres suivants semblent fait du même bois ; des mid tempo nonchalants et très plaisants à écouter. Quelques touches, ici de banjo, là de chœurs féminins, maintiennent continuellement l’intérêt de l’auditeur en éveil, malgré des paroles qui auraient mérité une attention plus soutenue. Avec "Quelqu’un en moi", on se prend à espérer (en vain) un retour massif des guitares électriques. Ce bon morceau s’adosse sur des tempos bien plus appuyés et sur un groove palpable. Un passage de guitare slide jouissif contribue à faire de ce morceau une réelle réussite. Bien que plus calme, le narratif "Nés trop loin" nous prend doucement par la main pour nous promener sans peine dans une histoire comme l’artiste aimait nous les faire partager il y a quelques années. Sans aucune difficulté, il nous projette dans les méandres de son récit.
Mais l’intérêt de l’album chute grandement à partir de l’horripilant "Faire Com" qui, malgré un clin d’œil amusant au succès historique de CharlElie, "Comme un avion sans aile", ne parvient pas à donner corps au propos pourtant intéressant du chanteur. Cette baisse de niveau est telle que lorsqu’il abandonne le Français pour pousser la chansonnette en anglais, on prend alors réellement conscience du fait que sur cette fin de disque, la musique ne se suffit pas à elle-même, et que le résultat s’avère assez quelconque.
Au final, ce long album se révèle donc autant charmeur que décevant. La grande quantité de matière proposée ici nuit un peu à l’efficacité de ce disque qui, s’il comporte de très bons moments et un charme particulier fait de mélancolie et de douceur, manque parfois de prise de risque au niveau musical. En s’appuyant essentiellement sur des mélodies pop-rock parfois matinées de sonorités cajun, CharlElie semble trop souvent choisir la solution de facilité. Pourtant, lorsqu’il sort des sentiers battus, il parvient sans peine à nous bousculer, à nous surprendre et à nous émouvoir. En outre, le bonhomme semble ne pas avoir trop forcé son (énorme) talent pour ce qui est des textes, et si l’on se régale avec la moitié d’entre eux, on reste sur sa faim le reste du temps. Allégé de 4 / 5 titres, et doté d'un titre supplémentaire vraiment rentre-dedans, nul doute que l’on tenait là un nouveau classique.
Nous nous contenterons d’apprécier ce nouveau bon album de CharlElie Couture. Au regard du talent du bonhomme, ce n’est déjà pas si mal, mais c'est également un peu frustrant.
Il est à noter que, avant sa sortie par les réseaux de distribution classiques, le disque a été proposé sous un format faisant la part belle aux visuels via le site 'Vente-privee.com' au prix modique de 6 €.