Gravé durant le mois d'avril 1992, entre l'enregistrement du premier essai (en janvier) et Hyis Lysett Tar Oss (septembre), Det Som Engang Var ferme la première partie de la carrière de Burzum, en cela que sa sortie en août 1993 coïncide avec le meurtre d'Euronymous, guitariste de Mayhem et fondateur du label Death Silence Records, survenu le 10 du même mois. Bien que capturé plus tard, Aske, EP sur lequel figure Samoth (Emperor), a été publié quelques mois avant.
Ce rappel des faits exposé, essentiel pour bien cerner le cheminement aussi bien musical qu'humain de Varg Vikernes, laquelle se confond avec celle du projet, nous pouvons maintenant nous pencher sur cette seconde offrande. Bien que mise en boite très peu de temps après Burzum dans la continuité duquel il s'inscrit, avec le même producteur, Pytten, et dans le même antre (les studios Grieghallen, alors temple du Black Metal norvégien), Det Som Engang Var entame l'évolution vers une musique plus atmosphérique, dépressive et toujours aussi sinistre et dont le point d'aboutissement sera incarné par l'album Filosofem (1996).
Si "Key To The Gate", qui ouvre le disque, parait toujours d'abord afficher les traits les plus violents de Burzum, très vite, le rythme ralentit tandis que la dernière partie du morceau est zébré de passages somme toute très mélodiques. Vikernes a toujours su conférer à son Black Métal trois visages différents bien que complémentaires et constamment pollués par des scories suicidaires et lugubres. Musicien au feeling rare, il aime déjà parfois composer des titres ramassés, qui ont l'allure de vraies chansons. C'était le cas de "Black Spell Of Destruction" sur le disque précédent, c'est celui de "Lost Wisdom" cette fois-ci et donc de "Key To The Gate".
De plus, et c'est sans doute une des raisons pour lesquelles le personnage est cité comme référence par des palettes entières de groupuscules, il possède un sens rare de la désolation, de la dépression qu'il exprime à travers des compositions fleuves et lancinante, à l'image de "En Ring Til Aa Herske", complainte déchirée par ses cris écorchés qui semblent provenir du fin fond de la Moria, et guidée par des riffs maladifs. Du haut de ses neuf minutes, "Snu Mikrokosmsos Tegn" braconne sur les mêmes terres charriant un désespoir profond.
Enfin, Burzum, c'est aussi les tapisseries électroniques aux accents médiévaux, petits (ou pas) tableaux minimalistes Ambient qui ont également tant inspiré toute une marge du Black Metal (Paysage D'Hiver, Vinterriket...), autant de créations indissociables de l'oeuvre du Maître. "Han Som Reiste", "Den Onde Kysten" et "Svarte Troner" (respectivement intro et outro) illustrent ce goût jamais démenti chez Vikernes pour cette musique instrumentale et qu'il peaufinera encore davantage et avec plus ou moins de réussite lors de son long séjour en prison.
Un peu à part demeure enfin "Naar Himmelen Klarner", car il ne résonne pas aux sons d'un synthétiseur mais d'une guitare. En quatre minutes, Varg y exsude pourtant un mal-être infini. Cette tonalité mélancolique explosera franchement avec l'album suivant, Hvis Lysett Tar Oss qui verra Burzum aller plus loin encore dans la contemplation misanthropique.