Historiquement, ce n'est pas Metal qui aurait dû succéder à Invasion, première cuvée des Américains mais Dreams Of Eschaton, œuvre avortée car ses auteurs n'en furent alors pas satisfaits, et qui verra finalement le jour vingt ans plus tard sous un autre nom, Mark Of The Beast.
Longtemps avant Annihilator, Manilla Road osait donc publier un album baptisé en toute simplicité "Metal". Comme pour les Canadiens en 2007, ce titre prend la forme d'une véritable déclaration, mieux, d'une profession de foi.
Moins connu que son aîné ou que ses proches successeurs (Crystal Logic, Open The Gates), ce deuxième opus corrige certains défauts grevant Invasion mais possède pourtant moins de charme que ce dernier. Chanteur limité, Mark Shelton fait montre néanmoins de réels progrès. Il diversifie sa voix ("Defender", "Queen Of The Black Coast") quand bien même le bonhomme conserve un registre assez agressif qui lui convient finalement plutôt bien.
De même, tandis qu'elles galopent un peu moins sur de longues durées, les compositions témoignent d'un souci d'écriture évident. Mieux construites, et habillées d'une prise de son plus claire et laissant parler tous les instruments, elles oscillent entre Heavy puissant ("Enter The Warrior", l'accrocheur "Out Of Control With Rock'n'Roll") et power ballade épique ("Metal").
Comme le trio l'avait fait sur son galop d'essai avec "The Empire", l'album offre une longue et flamboyante piste : "Cage Of Mirrors", montée en puissance alternant accalmies et cavalcades nerveuses, pilotée par la guitare saignante du maître des lieux. Bizarrement, alors que ce morceau, de par son envergure, se posait très clairement comme la conclusion du disque, c'est "Far Side Of The Sun", titre déjà présent sur Invasion mais plutôt bon au demeurant, qui achève un programme au goût de précipitation.
Moins inspiré que son prédécesseur, Metal confirme toutefois le talent de Manilla Road chez lequel on sent bien que le joyeux amateurisme ne tardera plus à céder la place à une musique plus mature et professionnelle, même si le groupe n'a jamais pu bénéficier ni de gros budget ni d'une exposition à sa (dé)mesure.