12ème disque studio d’Anvil, "Back To Basics" voit le jour courant 2004 après plusieurs très bons disques mais sans que ceux-ci remportent le succès qu’ils auraient mérités. De fait, le groupe, Lips et Reiner en tête, va opérer un changement dans sa manière de composer en revenant, comme le titre de l’album l’indique clairement, à un son et une musique proche du heavy-rock des années 80 du temps de "Metal On Metal". Le groupe s’éloigne assez nettement du heavy-speed bien produit qui le caractérisait pour tenter de retrouver ses racines, et aussi et surtout le public de l’époque. Le tout est bien marqué par la pochette représentant une enclume dans sa forge d’origine loin des pochettes colorées précédentes. Cela s’apparente presque à une opération de la dernière chance pour Anvil. Le groupe vieillit et il est clair que les musiciens ne se voient pas continuer à végéter très longtemps encore. Pour faire ce disque, le chanteur et guitariste, Lips, est même allé rechercher des riffs et paroles non utilisés aux débuts du groupe pour ajouter au côté vintage.
"Back To Basics" est donc un album assez passéiste au son très brut et roots, et un poil en deçà des très bonnes productions précédentes. La touche speed manque, même s'il reste de bons titres, particulièrement dans les plus typés hard à l’ancienne. Ce qui caractérise ce disque, c'est cet aspect hard-rock à l’ancienne avec voix suraigu et riffs très typés 80’s. Le tout est bien illustré par des titres comme "Fuel For The Fire", "Keep It Up", directs et efficaces, ou par "Song Of Pain" et "Cruel World". Ces deux chansons sont des mi- tempos qui renvoient directement aux débuts du groupe avec un résultat sympathique. La première se distingue grâce à un bon refrain chanté de manière très soft et presque pop par Lips, tandis que la deuxième convainc avec ses airs de power-ballade imparable.
A coté de ces bonnes choses, les autres titres sont plus passe-partout, bien interprétés mais sans le petit truc en plus, nous donnant un ventre mou en milieu d’album auquel Anvil ne nous avait pas habitués. "You Get What Your Pay For", "The Chainsaw", ou encore "Go Away" et "Bottom Feeder" souffrent de cette production roots et de ce côté travail à l’ancienne qui ne les servent pas, la puissance manquant cruellement. En fait, seul l’efficace "Fast Driver" tire bien son épingle du jeu en clôturant le disque de manière énergique, dans le ton d’un Motörhead, avec une ligne de basse bien en évidence, un riff efficace et un chant hargneux du meilleur effet.
"Back To Basics" est donc une petite déception après tant de bonnes sorties. On sent le groupe un peu usé et au bout du rouleau après tant d’années de galères et de déceptions. Anvil parait un peu perdu, ne sachant plus trop à quoi se rattacher pour se faire entendre. Nous noterons enfin que c’est la tournée de cet album que l’on voit dans le documentaire "Anvil". Et les images illustrent bien à quel point le groupe est, d’une part mal géré, et d’autre part confirment son cruel manque de reconnaissance médiatique et publique, et de fait à quel point il est sur le point de jeter l’éponge pour de bon.