La genèse de ce 13ème album studio de Anvil est assez connue. En effet grâce au documentaire "The Story Of Anvil", nous savons que le financement ainsi que la production de "This Is Thirteen" ont été un véritable calvaire pour le groupe. Il y a eu les dissensions internes qui aboutiront au départ du guitariste Ivan Hurd, après plus de 10 ans de fidélité, juste après un enregistrement auquel il participe peu. Il y a aussi les problèmes de labels. Le disque sortira de manière indépendante au final, et les réticences familiales, les entourages de Lips et Renier en ont assez de voir nos deux hommes n’avoir aucun succès depuis 25 ans. De fait Anvil a bien failli finir sa carrière sans achever ce treizième opus.
Et pourtant, défiant une fois de plus l’adversité, cet album voit malgré tout le jour trois ans après un "Back To Basics" de moyenne qualité. Aux manettes, on retrouve Chris Tsangarides, 24 ans après "Forged In Fire", et notre homme donne au disque un son énorme qui fait un bien fou. Musicalement, le groupe renoue avec ses bonnes habitudes d’un heavy-speed mélodique puissant comme à la bonne époque de "Speed Of Sound" ou "Absolutely No Alternative", avec en plus cette touche hard qui fait la différence. Le résultat est donc excellent et fait vite oublier les hésitations et faiblesses de "Back To Basics". Anvil est de retour, en colère avec les épreuves, et il a toujours faim de heavy-métal. Le groupe nous balance ainsi treize bombes qui méritent toute l’attention. Nous ne les détaillerons évidemment pas toutes, mais nous pouvons distinguer deux types de titres.
Il y a d’abord les plus speed, à la fois incisifs et puissants, mais sans faire l’impasse sur les mélodies. Avec le très lourd et Sabbathien "This Is Thirteen", "Bomb Away", "Burning Bridges", "Flying Blind", ou encore "Room #9" et "Should’ A Would’ A Could’ A", Anvil frappe très fort et ne fait pas de quartiers. Chaque musicien s’y donne à fond. La basse de Glenn Five claque comme un fouet et se fait une belle place, Lips au chant propose une prestation ultra heavy et à la guitare, il est seul sur la plupart des titres et il se montre très inspiré sur chaque solo et riff. Enfin, Reiner délivre une prestation lourde et puissante qui sert parfaitement chaque titre.
Anvil nous propose aussi des titres courts, plus typés heavy-rock dans l’esprit de ses débuts et de "Back To Basics", mais avec ici une inspiration bien meilleure et un son puissant idéal pour ces chansons. De "Ready To Fight" à "Worry", en passant par "Game Over" et "Big Business", le groupe envoie la purée sans se poser de questions, avec la classe d’un Motörhead, et s’avère être jouissif tant ce petit aspect rock’n’roll lui sied à merveille.
"This Is Thirteen" est donc un excellent album de heavy-speed-métal, à placer dans les meilleures productions entre un "Metal On Metal" et un "Absolutely No Alternative". Il fait plaisir à entendre et confirme que les années et l’adversité n’ont pas trop affaibli le groupe. En conclusion d’une riche discographie, on sera content de constater que le succès du documentaire "The Story Of Anvil" a permis au groupe de renouer par surprise avec la notoriété médiatique. De fait, "This Is Thirteen" a finit par être distribué par un label assez important tandis que le groupe retrouvait des grandes scènes et un public enfin attentif. Nous souhaitons en tout cas à Anvil de continuer sur sa lancée et de nous proposer encore longtemps de la bonne musique, surtout qu’il en a à présent les moyens et l’attention d’une audience plus large.