Deux ans après le cuisant échec, aussi bien commercial qu’artistique, d’un "Jump The Gun" assez mou du genou, Pretty Maids revient après avoir vécu une véritable révolution. En effet, Ronnie Atkins (chant) et Ken Hammer (guitare) ont fait le ménage autour d’eux et seul Alan Owen (claviers) a réussi à sauver sa tête, et encore n’apparaît-il qu’en simple guest. Du coup, le line-up a subit une sérieuse cure d’amaigrissement, passant de la configuration de sextet à celle de quatuor. Plus de deuxième guitariste, alors que Kenn Jackson et Michael Fast ont investi les postes de bassiste et de batteur. Ajoutez à cela le retour de Flemming Rassmussen derrière les manettes et vous avez une idée de la tourmente vécue par le combo danois.
Mais tous ces changements, s’ils trahissent la violence de l’échec du précédent opus, traduisent également la volonté coriace qui habite les co-leaders de Pretty Maids de repartir de l’avant. Celle-ci est même proche de la rage comme celle qu’Atkins et sa bande déversent dans des "Running Out", "Raise Your Flag" ou "In The Flesh" tranchants comme des lames de rasoir et brûlants comme des jets d’acide. Les riffs de Ken Hammer sont toujours aussi efficaces et la nouvelle paire rythmique n’amuse pas le terrain, à l’image d’un Michael Fast jamais avare de double-pédales et à la frappe aussi dynamique que cinglante. Lorsque le combo ralentit le tempo, c’est pour mieux tout écraser sous la puissance d’un "Who Said Money" ou d’un "Come On Tough, Come On Nasty" aux refrains obsédants.
Et puis il y a les titres plus torturés comme ce "Nightmare In The Neighbourhood" au mid-tempo montant en intensité, et surtout un "Sin-Decade" qui commence au son d’une confession avant de nous laminer sous les coups de boutoir d’un Hammer froid comme l’acier et d’un Atkins alternant breaks mélodique et hurlements maîtrisés. Du grand art ! La pression ne baisse qu’en fin d’album avec les plus mélodiques "Credit Card Lover" et "Know It Ain’t Easy" et la reprise du "Please Don’t Leave Me" de John Sykes et Phil Lynott, seule ballade de l’album. Pretty Maids semble enfin apaisé et s’adresse alors à un public plus large. Mais si ce titre reste de qualité, il confirme malgré tout une petite baisse d’intensité marquée à la fois par quelques titres plus dispensables ("Healing Touch") et par une agressivité moins présente que seul "In The Flesh" fait ressurgir un bref instant.
Si c’est bien la qualité de Pretty Maids que de savoir allier titres cinglants et morceaux plus mélodiques, la concentration des premiers nommés en début d’album est d’une telle qualité et d’une telle fulgurance qu’elle laisse l’auditeur un peu groggy. Du coup, il devient plus difficile de s’investir de la même façon lorsque la pression commence à retomber. Il n’empêche que ce "Sin-Decade" est un sacré retour aux affaires et qu’il montre un groupe à nouveau prêt à en découdre avec tout le talent qui est le sien, auquel il vient de rajouter une sacré dose d’énergie. Vivement la suite !