Quintet suédois de Hard FM ayant déjà neuf albums à son actif et possèdant dans ses rangs un ancien batteur des Flower Kings et un champion d’athletic-fitness, alors que son ingénieur du son est le bassiste de ces mêmes Rois des Fleurs, Bad Habit débarque avec "Atmosphere", son nouvel album que nous allons décortiquer ensemble et qui vaut son pesant de cacahuètes. Et ce n’est pas parce qu’ils n’adoptent pas le look adapté au style et qu’ils ressemblent plus à des mannequins qu’à des gros graisseux, que ces mecs ne connaissent pas sur le bout des doigts ce qu’est une mélodie Rock qui enjouera les amateurs du genre. Nos mignons Suédois nous avaient déjà bien plu avec leurs deux derniers albums, "Hear-Say" et "Above and Beyond", mais là, force est de constater qu’ils viennent de passer à la vitesse supérieure.
Hal Marabel, l’éphèbe athlète de la bande (qui flirte souvent avec Narcisse, regardez les vidéos sur le net c’est assez comique) doit y être probablement pour beaucoup car le bougre assume ici compositions, guitare, claviers et production. Et Multi-Hal a décidé ici de nous la faire un tantinet plus rentre-dedans que ce à quoi nous étions accoutumés avec les Suédois. Pour cela, une seule technique, mais une technique redoutable, soigner l’intro avec un riff qui chahute, et le coupler à une bordée de claviers qui le magnifie. En cela, plus de la moitié des titres de l’album atteignent clairement leur but.
Mais mettre un coup de booster ne devait cependant pas amoindrir les qualités habituelles du combo dans l’art de proposer des mélodies tenaces. Chez Bad Habit ça frise l’atavisme et les gênes ayant la vie dure, cet "Atmosphere" n’a pas étouffé la flamme, voire rajoute même quelques bielles dans la machine à hits. Pondre une mélodie qui vous donne envie dès la première écoute, à l’orée des trente premières secondes du titre, de vous associer au chanteur, un Bax Fehling vraiment performant, histoire de pousser la chansonnette , voire de le pousser, lui, du devant de la scène pour prendre sa place (mais attention, je vous le rappelle, vous devez avoir du sex-appeal !) n’est pas forcément aisé de nos jours. En effet, le genre musical arpenté ici, qui retrouve une seconde jeunesse ces derniers temps, a déjà beaucoup donné et de ce fait, parvenir à être encore imaginatif aujourd’hui n’est pas une sinécure.
Bad Habit y parvient fréquemment sur cet opus. Les trois premiers titres que sont "In The Heat Of The Night", "Words Are Not Enough" et "Everytime You Cry" proposent un concentré de l’idéal du genre. Une grande partie de l’album est au diapason de ce trio diabolique avec pour preuves, les succulents "I’ll Die For You", "Break The Silence", "Catch Me When I Fall", et "Without You". Alors certes, "Fantasy", "We Are One" et "Only Time Will Tell" ralentissent un tantinet la cadence infernale car la puissance a déserté la route (sans que l’impact mélodique n’en souffre outre mesure), et les trois ballades que sont "I Wanna Be The One", "Angel Of Mine" et "Save Me" auraient mérité un brin d’originalité supplémentaire, mais le ressenti général est à la satisfaction généreuse.
Tous les titres, sans exception, parlent d’amour et, même si les paroles tournent souvent en rond (mais les histoires d’amour ne proposent elles pas qu’un sempiternel mouvement de balancier idylle-déchirement ?), cet "Atmosphere", pour paraphraser Arletty, a une sacrée gueule d’album de Hard Mélodique du début de l’année.