Pour éviter tout malentendu, il est bon avant toute chose de vous prévenir que le Tempus Fugit qui a commis cet album n'a rien à voir avec son homonyme brésilien dont nous vous avons déjà parlé sur MW, et que sa musique est très éloignée du néo-prog symhonique des Sud-Américains. Cette précaution oratoire pour vous éviter l'inévitable coup au cœur que vous n'auriez pas manqué d'avoir à l'écoute du morceau d'introduction très enlevé, mais relevant d'un rock carré et classique, si vous vous étiez attendus à quelque digression instrumentale et progressive.
Tempus Fugit, s'il nous vient bien du continent américain, est situé légèrement plus au nord que le Brésil. Le quintet est canadien et, s'il existe depuis 1985 sous différents line-up, n'a à son actif que trois LP, dont le premier est sorti uniquement sur cassette. Treize ans se sont écoulés avant que le second opus, produit sur CD, ne voit le jour, puis encore onze longues années avant la parution de Shallow Water Blackout. En réalité, ces longues périodes d'inactivité s'expliquent simplement par la séparation du groupe, de 1987 à 1997, puis de 2001 à 2007, chacun vaquant entre-temps à ses occupations personnelles.
Si Shallow Water Blackout sort en 2010, il a en fait été enregistré en quatre jours en 2008, et les titres qui le constituent ont été composés entre 1997 et 2001. Cela explique probablement le côté "immédiat" et légèrement passéiste des chansons de cet album.
Car, si les inspirations du groupe à ses débuts hésitaient entre Iron Maiden, Genesis et Pink Floyd, les dix morceaux qu'il nous propose sont des bonnes chansons pop/rock, au format refrain/couplet on ne peut plus balisé. Ce qui ne signifie pas qu'elles ne soient pas dignes d'intérêt. Des titres comme Presence ou Soap Stains And Ashes ont tout pour faire des tubes FM. Dodgy et New Path sont des rocks nerveux qui donnent envie de danser, et si le gentillet Just Another Day rappelle les Beatles et les Who comme le doux Drownproofing renvoie à Robbie Williams ou à Keane, le très beau Migrations se donne des faux airs de Led Zeppelin.
Un melting pot d'influences, anciennes pour la plupart, mais toutes de bon goût, et suffisamment assimilées pour ne pas avoir l'impression d'entendre une pâle copie du modèle. C'est frais, sans prétention, bien interprété (mention spéciale à la voluptueuse basse). Un disque qui s'écoute sans lassitude et avec grand plaisir.