Alamaailman Vasarat (traduire: Les marteaux de l’enfer) est un groupe finlandais de 10 ans d’âge et qui propose son 5ème album avec Huuro Kolkko. Ses influences, multiples et variées (musique balkanique, jazz, métal, classique, noise, punk, aux tendances orientales, latines...), mises en musique grâce à de nombreux instruments non amplifiés (violoncelle, bandonéon, piano, trombone, clarinette...) font de cette fanfare improbable et burlesque un véritable monstre de foire. Doté de plusieurs têtes et d’encore plus de bras, à l’équilibre précaire mais dégageant par la même une certaine grâce, ce personnage hybride, tour à tour surprenant et effrayant, parvient toujours à nous toucher, nous émerveiller parfois, tels des gamins lâchés dans un sombre et venteux cirque fantôme aux allures nostalgiques.
Basé sur le concept de la vie d’Huuro Kolkko, anthropologue solitaire ayant parcouru le monde au début du siècle dernier à la recherche de continents perdus, d’insectes inconnus et de paysages grandioses, cet album se veut riche en émotion et évoque à l’auditeur de multiples images sur ces lieux et animaux perdus. Pour le coup, le Big Band finlandais simplifie sa musique et son propos, offrant une musique moins éprouvante et plus proche de ses racines, plus fine également. Ainsi "Liskopallo", dont l’accordéon et les violons fondent le squelette, possède des consonances mélancoliques apaisantes. "Natiivit", derrière son intro très "fête des grands-mères", se révèle aussi très attachant grâce à sa mélodie de cordes lumineuse.
Mais le groupe sait toujours faire parler la poudre (et les feux d’artifices, fanfare oblige) ! En atteste le premier titre qui prouve rapidement que le côté burlesque du bazar n’est pas qu’une curiosité passagère et superficielle. La construction des titres, la progression rythmique et mélodique en font en effet une musique riche de plusieurs strates et accrocheuse sur la longueur. A ce titre, les deux meilleurs moments de l’album sont sans doute "Meressä Ei Asuta" et "Luonto Tuli Lähelle", des titres très modernes et solides. A la rythmique binaire très rock, le premier est un mid-tempo à la batterie lourde et où le trombone se la joue guitare basse pour une marche funèbre surprenante aux sonorités orientalo-soviétiques. Improbable mais énorme ! Sur "Luonto Tuli Lähelle", l’accordéon, qui joue ses accords comme un clavier issu d’un groupe de prog’, est porté par des cuivres résonnant à l’unisson. Ce titre complètement déjanté se veut coloré et festif.
Enfin, quand ces enfants de la patrie du froid se la jouent Metal Prog’ instrumental à la Planet X, c’est un "Tujuhuju" véloce et totalement alambiqué qui nous explose aux oreilles (en écoute sur ce lien). Ce titre, uniquement composé d’instruments à cordes ou à vent est totalement bluffant. Le violon fait grincer ses cordes, lui donnant des allures de distorsion, la batterie martèle et les notes pleuvent dans ce tour de force. Terminant son voyage dans des contrées plus calmes même si parfois incongrues (le très caoutchouteux "Omalla Ajalla"), Huuro Kolkko est définitivement brillant.
Même si le premier album, porté par le buzz crée à l’époque, fut un moment classé meilleur vente mondiale (tout de même), c’est bien celui-ci qui pourrait être à même de remporter tous les suffrages. Reçu avec mention, cette nouvelle offrande de la bande à Jarno Sakula restera un incontournable pour tous les amoureux de musique, un Must pour tout mélomane qui se respecte ! Parole de Music Waves !