En Inde, le terme Masala renvoie apparemment à un mélange de saveurs qui réussissent à former contre tout attente un ensemble harmonieux. C'est l'explication intéressante que donne ce trio français formé en 2005 sur l'origine de son nom. Diversité et bon goût semblent donc au programme de ce second disque, après un premier effort qui fut remarqué au sein de notre rédaction (cf. la chronique de mon collègue Platypus).
Le moins que l'on puisse dire, c'est que le mélange en lui même est une réussite. L'aspect multi-facette du groupe ne saute pas tout de suite aux oreilles, tant le tout est homogène. Masala évolue dans un son qui lui est propre et le disque est en cela agréable à écouter de par cette maîtrise de l'environnement sonore. Au delà de ça, l'auditeur remarquera vite l'alternance entre passages calmes, parfois soutenus par un violon paresseux et des arpèges cristallins et des passages plus nerveux, qui vont parfois jusqu'à rappeler la scène métal des années 2000 (dont est issu une partie des membres du groupe via d'autres projets). Ces transitions sont portées à bouts de bras par un chanteur étonnant de versatilité et de maîtrise. Du gémissement le plus délicat (aux accents Bellamyens) aux hurlements qui rappellent par leur grain Daniel Gildenlöw (rien que ça), Franck Da Silva expose une palette vocale tout à fait convaincante.
Les autres musiciens ne sont pas en reste. Le batteur fait preuve d'une sensibilité jazzy, appréciable dans le genre, qui anime efficacement les compositions et permet des transitions impeccables entre les différentes humeurs d'un même morceau. De son coté, le guitariste joue le rôle du finisseur en ornant le tout de fioritures et de plans bien sentis et toujours assez inspirés. Lorsque le ton monte, sa guitare manque peut-être un peu de mordant, mais c'est largement compensé par la qualité des arrangements qui insufflent une véritable énergie et un certain groove.
Malgré les qualités évidentes du combo, il est cependant nécessaire d'émettre des réserves. En premier lieu, avec une petite demi-heure en comptant une reprise du premier album, "Idio" se révèle assez court. Je suis personnellement assez partisan des disques courts par rapport au remplissage systématique que l'on observe à l'heure actuelle, mais il vaut mieux avoir alors un album condensé, immédiat, frappant. C'est là que le bat blesse sur cet "Idio", l'impression que les compositions ne vont pas assez loin, que la rage est trop contenue, que les musiciens se retiennent. Le résultat est un album en demi-teinte d'un groupe que l'on sent pourtant explosif.
Malgré les quelques réserves exprimées ici, Masala reste un groupe tout à fait recommandable qui intéressera un bon nombre de mélomanes. L'album est en écoute sur Deezer, n'hésitez pas à leur donner une chance !