Bolus, c’est au départ une paire de copains, deux Canadiens qui se sont croisés à l’université : Nick March est guitariste et chanteur, et Mat Keselman est batteur. Ils se découvrent un goût commun pour la musique progressive et enregistrent un premier album en 2004 (Watch Your Step) avec l’appoint d’un bassiste, et tournent en trio. L’idée d’un second album germe rapidement, mais les comparses sont rattrapés par des réalités économiques : “Le problème”, confient-ils sur le net, “c’est de pouvoir réaliser ce que vous voulez aves les trois impératifs : vite, bien et pas cher. Or vous ne pouvez tenir que deux de ces trois impératifs. et comme nous n’avions pas beaucoup de moyens, nous avons dû prendre notre temps pour sortir un album satisfaisant.”
Ainsi, cinq années se sont écoulées avant la parution du bien nommé Delayed Reaction. Pour cet évènement, c’est un vrai groupe qui évolue, un quatuor classique, avec l’arrivée de Kyle Grounds aux claviers (et accessoirement, à l’accompagnement guitare) et de Daniel Avner à la basse. Dans un style progressif classique qui emprunte largement aux Grands Anciens, Genesis et Yes entre autres, avec la guitare en vedette plutôt que les claviers, Delayed Reaction est un opus éminemment sympathique et bourré de détails attachants. Une certaine variété de styles est présente tout au long de l’album : néo proche de la mouvance hollandaise (Ricocher : He And I Like) ou anglaise (Strangefish : Those Who Saved Us, voire un petit air Galahad avec le plus dynamique Paranoia Safehouse) ; ballade 'genesienne' période Foxtrot dans le délicat White Window; petit délassement ludique (Postman) et même électro (Doorsteps Thoughts), le groupe propose plusieurs univers assez différents, le tout servi par une bonne technique instrumentale, notamment perceptible à la batterie (joli travail d’accompagnement sur Home Is Where The Heart Is), des chœurs bien utilisés (les quatre musiciens chantent), une ligne de basse très musicale et des vocaux très bien délivrés par Nick March.
Alors, bien sûr, la musique de Bolus n’est pas d’une originalité criante, mais bien des groupes de progressif, comme No Name ou Simon Says, réutilisent avec bonheur des recettes déjà éprouvées. Il est vrai que le jeu de guitare de Nick March, s’il ne manque pas de technicité, reste un peu en deçà dans le feeling - on regrettera la brièveté du solo terminal de Steps Under Shelter. Néanmoins, la qualité des compositions, très équilibrées et agréablement progressives pour la plupart, et le soin apporté à la réalisation de cet album emportent l’adhésion et nous ne pourrons que suivre avec plaisir l’évolution de ce groupe plutôt prometteur.