S'il est bien un groupe auquel il n'est guère possible de reprocher la frénésie de sorties discographiques, c'est bien Pallas, puisqu'après 30 années d'existence nous arrive seulement son sixième album studio, sobrement intitulé XXV. Ce qui est moins sobre en revanche, c'est le mini-ouragan qui a dévasté le groupe l'an passé, puisque le chanteur original, Alan Reed, a tout simplement été viré de l'ensemble, en raison visiblement d'un manque flagrant d'implication, tandis que son remplaçant, Paul Mackie, présente comme principal fait d'armes la sonorisation d'une célèbre série de … jeux vidéo (Grand Theft Auto). Et histoire de placer la barre encore un peu plus haut, voilà que le groupe nous annonce ni plus ni moins que XXV se présente comme la suite de The Sentinel, premier album contenant notamment la suite la plus progressive écrite à ce jour par les Ecossais.
Le précédent opus, The Dreams Of Men, avait vu Pallas prendre une grosse orientation métallique, un peu trop d'ailleurs pour certaines oreilles. XXV continue d'entrée sur les mêmes bases, avec Falling Down, présenté comme le trait d'union avec The Sentinel : sons énormes de claviers qui emplissent l'air, une basse ronflante et virevoltante, des guitares stridentes, le décor est planté. Au-dessus de ce maelström sonore, la voix du nouveau venu apparaît quelque peu terne, mais cet effet ne sera finalement que passager. Crash And Burn appuie encore un peu plus sur le côté métallique, avec des soli de guitares enflammés, mais déjà quelques moments de répit s'offrent aux oreilles à la limite de la saturation. Alors que l'album précédent ne laissait que peu de place à des passages plus calmes, ce nouvel opus reprend les recettes qui ont si bien réussi à Pallas par le passé. Du lourd certes, mais avec beaucoup d'alternances plus calmes, aussi bien à l'intérieur des titres les plus enlevés que sous la forme de plages entières, à l'image du superbe Something In The Deep, mais aussi du raté Violet Sky qui retombe tel un soufflé malgré une introduction (Blackwood) prometteuse.
Dominant de toute leur emphase et leur démesure, les deux parties de XXV viennent démontrer, si besoin était, que Pallas maîtrise à merveille le rock progressif pompeux (prétentieux diront certains !) : puissance, inspiration mélodique et accompagnement symphoniques soignés, le groupe est toujours capable de nous produire des petits bijoux.