Quelle désolation que la maison TNT ! En effet, "The New Territory" (2007) et "Atlantis" (2008) n’avaient laissé que des ruines fumantes à la place du superbe édifice devant lequel nous nous étions si souvent pâmés depuis 1982. Certes, le départ de Tony Harnell en 2006 avait déjà sérieusement ébranlé les murs, mais rien ne nous avait préparés aux deux albums calamiteux qui allaient suivre. Et pour arranger le tout, voilà que Tony Mills (Shy, State Of Rock), le nouveau vocaliste du combo norvégiens, était victime d’une crise cardiaque fin Août. Autant dire que nous ne donnions plus cher des chances de survie du prince déchu du Hard FM scandinave. Pourtant, Ronni Le Tekro et sa bande sont de retour en ce début d’année avec un "A Farewell To Arms" au titre et à la pochette porteurs d’espoirs.
Ceux-ci sont confirmés par un début d’album tonitruant où le combo nordique et son chanteur britannique requinqué abandonnent les rivages popisants de leurs derniers méfaits, pour revenir à un Hard FM dynamique et mélodique qui leur sied si bien. Au point que l’on se croirait parfois revenus à l’époque bénite des "Tell No Tales" (1987) et autre "Intuition" (1989) à grand coups de refrains hyper accrocheurs ("Ship In The Night", "Don’t Misunderstand Me", "Someone Else"), ou du plus puissant "Realized Fantasies" (1992) avec quelques riffs bien racés ("Refugee", "Barracuda"). Ronni nous ressort même quelques surprenants soli dont il a le secret ("Engine", "Come"). Voilà donc autant de signes rassurants quant à ce qui pourrait être considéré comme une résurrection.
Pourtant, tout n’est pas parfait non plus, avec quelques titres lourdingues trainant un peu en longueur ("Come"), ou sur lesquels TNT accélère le tempo en oubliant un peu la mélodie au passage ("Take It Like A Man", "A Farewell To Arms"). Nous avons même droit à une ridicule ballade pour laquelle on se demande si le quatuor a voulu composer un chant de Noël ou une comptine pour endormir les enfants le soir ("God Natt, Marie"). TNT va même jusqu’à ressortir les fonds de tiroir en nous servant un "Harley Davidson" tout droit sorti de son premier album éponyme et joué de façon annoncée comme live. Le public étant absent, nous supposerons que l’exercice a eu lieu en studio à la recherche d’une énergie plus juvénile aux accents à la Mötley Crüe. Il est d’ailleurs amusant de constater que le vocaliste prend ici quelques intonations à la Vince Neil qui ne sont pas désagréables.
Pas encore de quoi sauter au plafond donc, mais il semblerait que l’électrocardiogramme de TNT (sans jeu de mot avec l’accident de santé de Mills) retrouve du relief et redonne espoir à ceux qui ont gardé un œil sur le combo malgré ses errements récents. La question reste de savoir s’il reste encore beaucoup de ces curieux... Pour cela, il y aura ici quelques excellents titres pour les remercier de leur fidélité et dont ils pourront profiter avec délectation.