Ils sont tout de même étranges ces quatre gars d’Alter Bridge ! Après déjà 3 jets incandescents, ils sortent enfin leur tant attendu Dvd live (avec CD live) mais enregistré plus d’un an plus tôt et ne compilant que leur deux premiers opus. Bref, toujours est-il qu’il est désormais possible de juger des performances scéniques d’une formation qui a su imposer, période Creed confondue, ses mélodies d’une incroyable constance aux niveaux de son efficacité et de ses formats usés, avouons-le, ad libitum.
Alors que le froid du nord devait régner à l’extérieur de l’enceinte du Heineken Music Hall en cette fin d’année 2009, Alter Bridge va s’en aller chauffer les esprits néerlandais en son sein pendant près d’une heure et quart. Pour ceux qui n’avait pas eu la chance d’être présents ce soir là, la grosse artillerie a été sortie afin de graver à jamais ce beau témoignage. Pas moins de 22 caméras dirigées sous la houlette de Daniel E. Catullo III (qui a aussi réalisé des dvd live d’artistes tels que Creed, Guns N'Roses, Rush…) ont d’ailleurs été nécessaires pour mener à bien le projet.
Piochés dans le gratin de leur discographie, ce ne sont pas moins de 18 titres qui défileront avec une précision et une souveraineté digne de… Alter Bridge. Chaque brûlot ou chaque plage d‘envolées émotionnelles est repris comme entendu sur galette. Exception faîte de "Watch Over You", parfaitement interprété en acoustique par Myles Kennedy, la sélection se fait l’écho de presque tous les morceaux enregistrés sur les deux premiers albums (17 sur 24 précisément plus un cover) Nous noterons pour finir une intervention des Beatles, introductive de "Blackbird", mais surtout un reprise de "Travelling Riverside Blues" de Robert Johnson, une des figures emblématiques et précurseur du Blues du Delta.
Le résultat maintenant. Il est tout simplement irréprochable. Derrière un light show soigné et suffisamment renouvelé, les gaillards de la Côte Est balancent à coup de grosses rasades un son chaud et bâti comme un camionneur. Myles Kennedy se fait le porte drapeau de l’accessibilité et de la gentillesse notoire du groupe sous ses couverts de chauffeur de salle. En revanche, peu de place à la complicité entre les membres ou encore moins à l’improvisation si ce n’est encore une fois à l’initiative du frontman, ce qui n’empêchera d’aucune façon la salle pleine à craquer de donner du cœur et de la voix en permanence.
Voilà encore un objet que tout amateur de ces baroudeurs du rock devra détenir jalousement dans sa dvdthèque, simplement parce qu’il est à l’image d’Alter Bridge : d’un professionnalisme et d’une supériorité exemplaire.