Né en 2003 de la rencontre du pianiste Henrik Sproge et du guitariste Erik Heikne, Miss Behaviour, à défaut d’avoir la gueule d’une Dolorean grise trafiquée par un savant fou aux réparties irrésistibles, en possède le même avantage : Celui de vous faire voyager dans le temps. Suite à un abus d’AOR sucré et de Rock FM très propre sur lui (avec pantalon bouffant, veste à épaulette et jolie mèche blonde), les deux compères ont bloqué le compteur du continuum espace-temps sur les années 80. En découle ce Last Woman Standing qui fait suite au premier album, Heart Of Midwinter sorti en 2006. Le line-up a un peu changé mais les maîtres restent à bord et l’étiquette musicale ne change pas.
Last Woman Standing, c'est d'abord un disque d'AOR-Rock Mélodique très bien fichu. Les titres sont travaillés, la voix est l'archétype même de l'AOR 80's, les ambiances pomme d’amour (sucrées et léchées) font loi et la production à la scandinave fait honneur à sa réputation. Et cette ambiance nous ravi à l’écoute des deux titres introductifs. "1988" est un véritable hit intemporel, facilement mémorisable avec des Ho ho ho partout et un refrain qu’on jurerait déjà connaître par cœur à la première écoute, et "Cynthia" prouve définitivement que ces gars sont très attirés par la gente féminine et que dans le genre harmonies et ligne de chant imparable, la Miss B est vraiment forte.
Malheureusement tout l’album n’est pas du même acabit. "Give Her A Sign", qui débute a capella sous des allures de pseudo-ballade pour pré-ado tout amoureux, manque de jus malgré un bon riff mélodique, et l’enchaînement des passables "Average Hero" et "Till We Meet Again" (trop de chœurs tuent les chœurs dans cette ballade too much) commence à peser un peu, au point qu’on aimerait vite trouver Emmett "Doc" Brown dans les parages par peur de rester coincé dans un monde finalement pas si terrible que ça.
Heureusement que "Perfect War", un peu moins enlevé, fait son petit effet, d’autant plus que Roland Grapow (Masterplan, ex-Helloween) pose ici un solo bien habité. "Taking Hostage", dans la même veine, donne dans le mid-tempo bien senti et toujours rehaussé de cette touche assez sucrée, et gavée de c(h)oeur. Triple banc pour le solo de guitare, court mais efficace.
Une poignée de très bons titres coincés entre des plages plus linéaires et convenues, voilà ce qu’il faut retenir de cette nouvelle production. A conseiller aux gros fans de cette époque ainsi qu’aux mélomanes friands d’arrangements guitare/clavier de premier choix (les gars s’y connaissent, il suffit d’écouter le très bon "Last Woman Standing" avec la chanteuse Kajsa Berg ) et dont les interventions solo sont souvent courtes mais percutantes. Sympathique, mais de là à en faire l’album de l’année comme il a pu être annoncé, il y a un pas que ne nous franchirons pas.