Apparu sur le devant de la scène extrême européenne en 2005, suivi un an après par la publication d’un premier jet de sang baptisé Malevolent Rapture, la rapide ascension de Legion Of The Damned, devenu en l’espace de quatre albums, une valeur sûre du Thrash nourri au grand méchant Death-Metal, peut surprendre. De même que l’insolent savoir-faire de ses Hollandais violents à priori si jeunes, comme l’illustre Descent Into Chaos, agrégat rapide d’une dizaine de bombes qui arrachent la tapisserie et détruisent tout sur leur passage.
A tout cela rien d’étonnant lorsque l’on se souvient que la horde n’est pas en réalité née de la dernière pluie acide, puisque il est le fruit de la mutation d’une horde bien plus ancienne, appelée Occult, œuvrant lors de la décennie précédente dans les boyaux d’un Black/Death fielleux. De cette époque, Legion Of The Damned a conservé le goût pour les thématiques, occultes (forcément) tout en conduisant son Metal vers une contrée plus mélodique et Thrash.
Bref, les gars ont du métier et cela s’entend tout du long de ce cinquième méfait. Habile mélange entre la version Bay Area du genre (Exodus, auquel on ne peut s’empêcher de penser) et l’accroche abrupte à l’européenne et à l’allemande en particulier, cette brochette d’agression toutes plus efficaces les unes que les autres confirment la suprématie de leurs auteurs dans un style qu’ils ne renouvellent certes pas mais honorent avec sincérité et talent.
Propulsé par un rythme infernal et vomi par un chanteur dont on aimerait cependant qu’il varie, module, davantage sa voix, Descent Into Chaos va très vite et ne donne qu’une envie, celle de tendre la joue gauche. Pourtant, si la maîtrise des Hollandais ne saurait être remise en question, leur capacité à éviter une certaine linéarité des tempos saute par contre moins aux oreilles.
De fait, à une première partie d’une puissance redoutable ("Night Of The Sabbath") mais trop uniforme, on préférera une seconde où le groupe diversifie davantage ses attaques, n’hésitant pas à appuyer sur la pédale de frein pour sculpter des motifs ultra-pesants, à l’image des "The Hand Of Darkness", "Killzone" dont on dirait presque qu’il s’agit d’une reprise de Bolt Thrower (le thème guerrier et l’intro l’évoquent fortement), "Lord Of The Flies", pour ses premières mesures toutes en arpèges décharnées, et enfin "Legion Of The Damned", seulement présent en tant que bonus et sur lequel apparaît Peter Tägtgren qui a d'ailleurs produit l'album, et qui sont autant de rouleaux compresseurs, mieux de panzers lancés dans une course folle et démoniaque.
Que dire de plus si ce n'est que Descent Into Chaos, lequel creuse le même sillon que ses aînés, est de la belle ouvrage, sans surprise peut-être, mais propre à déclencher de furieux headbangings lors des grandes messes européennes. Le groupe ne fait pas dans le point de croix ; ça tombe bien, c'est justement ce qu'on lui demande.