Après avoir proposé trois essais sous forme d’EP, les deux guitaristes (et compositeurs) Josef Bernberg et Robin Tinglöf, instigateurs du projet suédois Meadowland, se lancent à l’assaut de cet Harbours un peu plus conséquent. L’assaut n’est d’ailleurs pas le terme qui convient tout à fait, s’il s’agit d’évoquer la langueur générale de l’album, et cette tranquille sérénité d’une invitation au repos qu’il porte en lui de bout en bout, comme une évidence.
D’influence folk, prenant assise sur une base essentiellement acoustique, et épaulé par un lead vocal feutré, au relief opportunément minimaliste, Harbours s’inscrit dans l’exacte continuité de la mouvance soft rock véhiculée par l’œuvre des emblématiques Simon & Garfunkel, ou pour donner un exemple plus récent, par la musique des Britanniques de Belle & Sebastian, aux sonorités légèrement plus arrondies.
Pour décrire cette galette de la manière la plus simple, Harbours se présente comme une suite de ballades à l’instrumentation épurée, alternant rêveries apaisantes et nostalgiques. Les mélodies sont simples et efficaces, jamais surfaites ; de celles que l’on écoute typiquement au coin du feu de camp, par les longues soirées de la saison chaude. Ces considérations estivales s’enchaînent de manière fluide et naturelle, et seront à peine troublées par la rythmique un peu plus empressée de "Silence", ou par la moelleuse basse de "Likes Of You And Me", réemployée sur la plage suivante, "Sweet And Low", et modifiant (d’un chouia) la couleur tonale de l’ensemble. Une mention particulière à signaler pour "What It Is", joliment contrasté dans sa partition vocale et son jeu de percussions.
Techniquement, c’est impeccable. L’osmose de la composition et de l’interprétation des six cordes est sans faute, et pour cause. Du point de vue de l’emprise affective, en revanche, il manque un petit quelque chose. Même si le grain de folie ne sied pas à ce genre musical, et que par conséquent il n’est pas permis ici de l’exiger, nous pourrions toutefois en attendre un léger supplément d’expressivité fantaisiste.
"What It Is" n’aura pas l’impact du légendaire "Mrs Robinson", mais les Suédois de Meadowland n’ont certainement pas à rougir de cet Harbours, des plus prometteurs. Souhaitons donc que le voyage sur ce long fleuve tranquille ne fasse que commencer.