Groupe plutôt prolifique jusqu'alors, "Poor Genetic Material" a fait patienter ses fans plus de trois années avant de leur proposer une nouvelle offrande sous la forme d'un double album conceptuel basé sur The Tempest, une nouvelle de William Shakespeare.
Après une entrée en matière en fanfare, rappelant par instant Eloy dans la débauche de claviers soutenue par une basse puissante (Roarers), Poor Genetic Material s'installe dans un style plus conventionnel, flirtant alors plutôt avec leurs compatriotes d'Alias Eye, la présence à la flûte de Pia Darmstaedter apportant un véritable plus à la tonalité générale. Les mélodies sont quelquefois accrocheuses, quelquefois quelconques et les accompagnements sont à l'avenant. La production vocale de Martin Griffiths, venu en renfort de son frère pour l'occasion, amène également un timbre particulier à l'ensemble.
Dans la première moitié de ce double-album, cette orientation produit à la fois des titres intéressants (A Dance So Strange), voire même enthousiasmant comme Caliban's Dream, mais aussi de purs moments d'ennui total (Brave New World) ou d'harmonies insupportables (Let Them Beware !). Mais, pour couronner cette première partie, l'épic éponyme vient nous offrir près de 20 minutes de rock progressif majoritairement instrumental, alternant séquences à la rythmique inspirée et passages à la teneur plutôt ambient, avec de nombreuses interventions de flûte. Bien qu'un peu décousu, notamment dans certains enchaînements peu évidents, ce titre maintient un intérêt constant tout du long, et les oreilles progressives devraient s'en réjouir.
La deuxième galette va s'avérer quant à elle plus cohérente d'une plage à l'autre, mais également d'un intérêt plus linéaire. Quelques incursions en limite de jazz-prog et quelques séquences façon comédie musicale ne parviennent pas à dissiper cette impression de longueur qui accompagne les huit plages de cette deuxième partie. La faute en grande partie à une production qui noie claviers et guitares à l'arrière-plan, sans leur donner suffisamment d'amplitude pour parvenir à faire décoller des titres qui ne manquent pourtant pas d'atout. Imaginons une seconde le superbe Dreamstuff qui clôture l'album, retravaillé par … Clive Nolan ? Nul doute qu'il en serait transfiguré. Le solo de guitare serait porté par des claviers symphoniques à souhait, et ne souffrirait plus de cette sonorité étriquée qui l'accompagne tout du long.
Après de nombreuses écoutes, Island Noises continue de laisser perplexe. Si les principaux ingrédients permettant de qualifier une œuvre musicale de réussite semblent présents, il manque le petit quelque chose qui fait passer un album de quelconque à génial. Ce petit truc qui s'appelle peut-être l'émotion, nos Allemands ne parviennent pas à le susciter, et c'est bien dommage au vu du potentiel qui semble sous-jacent.