Formé en 1994 du coté de Berlin, Katanga nous propose avec "Moonchild" son deuxième disque studio, 6 ans après "Darkchild". Jusqu’à présent le groupe n’a guère fait parler de lui en dehors de ses frontières, faute d’une distribution digne de ce nom, son précèdent label ayant des moyens limités. Avec sa signature chez Massacre Records, Katanga peut légitimement espérer franchir un palier dans sa carrière et ainsi exporter son métal gothique teinté d’électro, et chanté principalement en allemand. Le tout se présente dans une grande tradition allemande avec chant masculin très grave, proche de Type O Negative, et chant féminin doux et parlé, suivant ainsi la route emprunté par Crematory, Lacrimas Profundere ou encore Moonspell ou Lacrimosa pour la facette purement gothique.
Car Katanga s’amuse à mixer métal et gothique pour un résultat intéressant même si un peu trop long. Il nous propose 15 titres et n’évite pas toujours les clichés propres au genre. Ainsi de la pochette, très aguicheuse et colorée, aux premiers titres introductifs et très courts, on peut craindre le pire tant les aspects sado-maso et gothiques présentés semblent vulgaires et déplacés. En fait, tout le début du disque sonne assez faux avec ambiances tombant à plat et titres à oublier. "Marquis De Sade" ou "When Darkness Falls" sont donc clairement à éviter et risquent de décourager pas mal d’auditeurs.
En fait, il faut attendre le titre éponyme en 5ème plage pour rentrer dans le vif du sujet et enfin avoir de la musique de qualité avec de très bons morceaux faisant regretter que le disque n’ai pas démarré par eux. Katanga propose ainsi de très bons titres, naviguant entre métal et rock gothique, créant des ambiances lugubres à souhait, la voix d’outre-tombe de Mario y contribuant beaucoup. De plus, l’apport du violon et des claviers rajoute à cette ambiance sombre. Il y a ainsi des morceaux aux allures de tubes en puissance avec refrains forts, passages électro bien placés, et alternances de chants entre le timbre sombre de Mario et celui lyrique de Doreen. "Moonchild", "Lemuria", ou encore "Metropolis" sont des chansons prenantes qui donnent le frisson, véritables tubes de métal gothique qui ont tout pour plaire aux amateurs du genre. Puis il y a ces titres plus lents et envoûtants sur lesquels la patte gothique est plus forte et où claviers et violons sont largement mis en avant. Ainsi "Mein Traum", "I’m Gonna Die For You", ou encore "Das Nichts" et "Bittermond" sont des pépites sombres et froides, dans l’esprit du Paradise Lost époque "Host", avec une certaine nonchalance et une classe noire propre à la scène gothique. Enfin en bonus, trois titres retravaillés initialement sortis sur "Darkchild", bien que sympathiques à écouter, alourdissent inutilement le disque. L’amateur pourra se contenter de l’album d’origine.
Ce "Moonchild" est donc une belle réalisation. Il faut juste oublier un début difficile et profiter d'un cœur d’album de grande qualité. On ne doute pas qu’en se concentrant sur l’essentiel et en zappant les titres courts et interludes, Katanga pourra encore faire mieux. La dizaine de très bons titres qu’il nous a proposés ici le prouve amplement.