Derrière le patronyme de Thomas Giles se cache en fait Tommy Rogers, le chanteur du groupe Between The Buried And Me. Les amateurs du métal progressif extrême des Américains avaient déjà pu entendre toute l’étendue de la créativité de Rogers. Cette même créativité trouve sa quintessence dans Pulse, un disque très différent du travail de Between The Buried And Me, et qui laisse Rogers totalement libre puisqu’il s’est chargé de tout dans cet album.
S’il fallait classer ce disque, le chroniqueur serait très embarrassé car la multitude des styles abordés dans Pulse donne le vertige. Chaque piste est une tentative d’abordage du rock dans sa globalité. Une forte composante expérimentale est présente dans nombres de morceaux et les recherches sonores se placent dans une modernité qui veut que tout soit envisageable.
La seule piste qui rapprochera Pulse de ses grands frères de Between… est "Medic". Cette courte chanson qui condense la puissance d’un Mastodon détonne au milieu de morceaux beaucoup plus popisants et électros. De très belles compositions acoustiques donnent dans l’intime et des groupes aussi prestigieux que Aeon Spoke ou Radiohead viennent à l’esprit ("Suspend The Death Watch", "Armchair Travel" ou la sublime "Hypoxia"). Thomas Giles incorpore de fortes doses psyché ou électros dans le très puissant et très Nine Inch Nailsien "Sleep Shake", "Catch Release" ou "Reject Falcon" qui sonne comme du Steven Wilson dopé à l’électro.
Dans tous ces morceaux, on ressent une certaine pesanteur doublée de mélancolie. Le superbe "Mr Bird" condense le côté torturé et dissonant de la musique de Thomas Giles, sans jamais perdre une certaine luminosité dans les mélodies et le travail des voix.
Pulse est un disque passionnant qui peut ravir les amateurs de rock progressif comme ceux qui ne jurent que par la pop moderne à la Mew. Thomas Giles a abordé ce disque avec, semble-t-il, beaucoup de générosité et l’envie de donner à l’auditeur un panel de la musique et de l’inspiration qui le caractérisent. L’électro, l’indus, la pop, le progressif ou le métal, tous ces ingrédients cohabitent dans un mélange paradoxalement très homogène. La prouesse est à la hauteur du talent de son géniteur.