Retour éminemment casse-gueule pour les vétérans américains. En général, quand un grand nom réapparaît, c'est pour faire plaisir aux fans, donc les caresser dans le sens du poil. Et il faut aussi une cohérence dans le line-up, à savoir la présence du fondateur. Avec House of lords, que nenni ! Giuffria est parti, de façon particulièrement incorrecte d'ailleurs, et le groupe a choisi de modifier sa ligne musicale ! Cet album s'adresse finalement aux fans les plus ouverts, les moins nostalgiques. Ceux qui attendaient le successeur de la bombe de 1988 (un somptueux premier album) n'ont qu'à réécouter le dernier TNT.
Le départ du claviériste-leader ne semble pas seul à l'origine de cette nouvelle couleur, car les morceaux étaient apparemment composés avant son retrait. Toujours est-il que sur "the power and the myth", nul morceau vraiment AOR ou Hard FM à l'horizon. L'inspiration est certes mélodique, mais mid tempo, sobre, et orientée années 70, touches orientales et refrains subtils à la clé.
Quant aux claviers, en dehors du solo de Sherinian (ex-Dream theater et frontman de Planet X) dans l'instrumental, ils sont carrément négligeables. Pourquoi donc une telle profusion de claviéristes ?
Ce qui frappe aussi, c'est la nouvelle richesse rythmique : Mary à la batterie est brillant, et Wright à la basse beaucoup plus raffiné qu'il y a dix ans. En ce sens, le nouveau HOL s'affirme plus musical. A ce titre, le superbe instrumental qui donne son nom à l'album est prodigieusement étoffé, et la partition de Ken Mary époustouflante. C'est presque le meilleur morceau du CD. En revanche, Lanny Cordola, roi de la vitesse et des solos spectaculaires, reste très en retrait. Son seul chorus un peu enlevé se trouve à la fin de l'album, sur "mind trip", un des rares titres rapides...
Les deux ballades sont plus à rapprocher d'une tradition rock mainstream que de l'AOR, et la dernière "child of rage", s'inspire d'ailleurs de "knockin on heaven's door", compo de Dylan popularisée dans les 80's-90's par Gun's and roses.
L'essentiel du CD se compose de hard rock gentil, avec des refrains pleins de charme nostalgique ( "Today", "all is gone", "the man who I am"). Dommage que l'album soit aussi court (43 minutes). Dans le style que privilégie le groupe ici, quelques développements auraient été les bienvenus.