On ne compte plus au sein de la chapelle noire, les Svart tout court ou Svart machin-chose au point de les mélanger les uns avec les autres. Svartkraft, Svartpest, Svartfell... Svartsyn, qu'il ne faut ni confondre avec son éphémère homologue norvégien et encore moins avec la passionnante entité Ambient Svartsinn, peut déjà être considérée comme un quasi dinosaure de la scène extrême suédoise, bien qu'éternel faiseur de série B, ce qui n'a rien de déshonorant. Sa carte d'identité mentionne une date de naissance en 1993 voire même 1991 si on prend en compte le fait que le groupe a tout d'abord débuté sous le nom de Chalice) et un bon paquet d'hosties haineuses et impies de plutôt bonne mémoire (The True Legend notamment.
Réduite désormais au seul Ornias, que secondent des musiciens de sessions, la horde revient nous hanter après plus de trois ans d'absence mais avec le soutien - enfin ! - d'un vrai label, Agonia Records, et surtout un sixième méfait vigoureux démontrant que la bête suédoise n'a rien perdu de son fiel cryptique.
Ni malsain comme peuvent l'être Valkyrja ou Watain, ni supersonique à la Dark Funeral ou Setherial et encore moins suicidaire comme l'était naguère Shining, mais un peu tout ça à la fois, Svartsyn a toujours été l'artisan un peu à part au milieu de la scène locale d'un Black Metal très lourd et nocturne. Wrath Upon The Earth ne déroge pas à la règle. Il aligne fièrement huit titres (dont un prologue) en un peu plus de trente minutes au compteur. C'est dire que le groupe (?) ne perd pas de temps à griller des allumettes pour foutre le feu aux églises. Il utilise des explosifs rampants ("Pyramids Of Deathlight"), des riffs aux allures de scalpel fourrayant les chairs et un chant expulsé d'une gorge lessivée avec du Destop.
Adeptes des Bunkers que fissurent parfois de furieuses accélérations, les Suédois multiplient les saillies profondes et reptiliennes drapées d'une aura obscure souvent plus infernale que les coups de buttoir tête baissée. Ornias s'y entend pour toujours concentrer son art sur des durées n'excédant que très rarement les cinq minutes. D'où cette impression d'intensité étouffante qui demeure un des principaux traits de caractère de Svartsyn.
Sans révolutionner le genre et s'il est permis de douter qu'il change quoi que ce soit à la carrière de ses géniteurs, Wrath Upon The Earth en a suffisamment dans la cuirasse pour livrer sa dose de Black Metal aux fidèles en mal de sensations Evil en ce début d'année.