Accept est clairement au sommet de sa gloire en cette année 1985. "Metal Heart" qui vient de sortir a enfoncé le clou et a confirmé le groupe allemand au sein des maîtres du heavy métal, et le ton plus américanisé , qui a fait tiquer quelques fans, n’empêche pas l’album d’être un monument du genre. Et de fait, donner une suite à un tel disque apparait assez délicat. Mais Accept ne perd pas de temps et compose ce 7ème album dès la fin 85, "Russian Roulette" voyant le jour début 1986. Ce disque voit le groupe poursuivre sur sa lancée, proposant un heavy métal certes bien rentre-dedans, mais avec toujours ce soucis de la mélodie et du refrain qui frappent fort, continuant ainsi à s’assagir de sorties en sorties.
Malgré tout, "Russian Roulette" est un disque fort solide et assez heavy. Accept n’est pas encore devenu Bon Jovi ! La voix d’Udo est toujours aussi tranchante et cisaillée, et au détour de quelques titres le groupe envoie encore la sauce avec véhémence. Cela étant, le disque est un poil moins bon que son glorieux prédécesseur. Il contient moins de tubes directs et plus de titres justes moyens. En fait, ce n’est finalement pas le côté FM qui gêne, mais plus le côté rapidement réalisé qui handicape cette 7ème réalisation.
"Russian Roulette" souffre en fait d’un ventre assez mou après un départ canon. Car avec "TV War" et "Monsterman", Accept nous balance deux très bonnes chansons aux allures de tubes en puissance avec refrains immédiats et faciles à mémoriser, riffs rapides et mélodiques, et d’excellents soli toujours aussi fins et inspirés. Après ce très bon début, on joue donc aux montagnes russes. Il n’y a rien de mauvais, mais après tant et tant de grands disques, l’auditeur et fan du groupe devient assez difficile et ne se contente pas juste de la moyenne.
Certes "Russian Roulette", "Aiming High" ou encore "Another Second To Be" sont de bons titres de heavy, mais sans le petit truc en plus. Seuls quelques passages retiennent clairement l’attention : les chœurs typiquement germaniques sur "Russian Roulette" ou le refrain de "Aiming High" par exemple. Et il y a enfin la chanson purement américanisé aux allures de ballades, "It’s Hard To Find A Way" qui fonctionne assez bien grâce au chant sombre et rocailleux d’Udo, très à l’aise dans le genre, alors que le côté FM du titre sonne un poil forcé pour convaincre tout à fait.
Mais le reste du disque est plus rapidement oubliable. "Heaven Or Hell", "Walking In The Shadow" ou "Stand Tight" ne laissent pas une impression forte. On sent que le groupe a rapidement composé sans soigner complètement le tout comme il en avait pris l’habitude.
"Russian Roulette" est donc une petite déception au regard du sans-faute jusque lors accompli par Accept. Malgré tout, il reste un disque très recommandable pour les amateurs du genre car, même un peu moins inspiré, Accept reste un très grand du genre, au-dessus de la moyenne. On sent quand-même le groupe à un tournant de sa carrière après tant de succès, et un peu hésitant sur la couleur musicale à adopter entre le heavy à l’ancienne et la face FM.