La sortie de "Ballbreaker" a fait couler beaucoup d’encre. En effet, une partie du public n’a pas apprécié ce retour aux sources bluesy, cinq ans après le métallique "The Razors Edge". C’est la même durée qui va être nécessaire à la Young Corp. pour nous offrir un successeur à cet album qui a partagé les fans : "Stiff Upper Lip" et sa statue à l’effigie d’Angus. Aidés par le grand frère George, de retour derrière la console, Angus et Malcom ne vont rien faire pour calmer les déçus de "Ballbreaker", car c’est bien une confirmation de la démarche entamée sur ce dernier qu’ils nous offrent ici dans une ambiance de pub enfumé.
Pourtant, il est difficile de comprendre que l’on puisse tordre le nez sur un tel album, et en particulier sur une première partie tonitruante pendant laquelle AC/DC nous balance un titre éponyme, véritable brûlot d’un boogie-blues-rock survitaminé au riff et au refrain irrésistibles. Entre le groovy "Meltdown", le heavy et hypnotisant "House Of Jazz" et son refrain martelé, et le rouleau compresseur d’un "Safe In New York City" qui sera banni des ondes radios US après le funeste 11 Septembre 2001, chaque instant est prétexte à taper du pied et à secouer la tête. Et c’est sans compter sur les deux frères siamois que sont "Hold Me Back" et "Can’t Stand Still", boogie-rock semblants tout droit sortis de l’époque "Powerage" avec leurs accords retenus et leurs riffs obsédants et sautillants, et dont le second nommé a la particularité de voir son solo interprété par Malcom.
Malheureusement, après un "Can’t Stop Rock’n’Roll" dont le refrain hymnique fait office de mise au point après les critiques reçues lors du précédent opus, la suite a tendance à prendre un rythme de croisière pendant lequel il devient difficile de garder son attention éveillée jusqu’à ce que l’accrocheur et dynamique "Give It Up" ne revienne nous remettre les idées en place. Nous noterons cependant la ligne de basse de "Satellite Blues" sur laquelle Cliff Williams se lâche un peu, et le refrain obsédant de "Damned", même si la dynamique de la première partie n’est pas retrouvée. Dommage car nous étions vraiment partis sur des bases dignes d’un nouvel album incontournable.
Tout ceci n’empêche cependant pas "Stiff Upper Lip" de nous apporter une nouvelle dose de ce pub-hard-rock addictif que seul AC/DC peut procurer. Et une fois encore, la came est excellente, suffisamment pour regonfler les batteries des plus usés par le train-train du quotidien. Certains se plaindront d’une production plus intimiste, alors que d’autres s’en réjouiront. Quelques autres verront dans ce nouvel album, un retour vers les racines de l’ère Bon Scott, et les autres parleront d’un rétropédalage après la puissance de "The Razors Edge". Bref, comme tous ses prédécesseurs, et comme tous ceux qui ne manqueront pas de suivre, "Stiff Upper Lip" fait du AC/DC, et c’est bien ça que nous lui demandons. Tant pis pour les autres !