Galleon n'est pas du genre envahissant, le groupe suédois étiqueté néo-prog approche les 20 ans d'existence et cet album qui sort en fin d'année 2010 n'est que le neuvième d'une discographie ne comportant pas le moindre témoignage live (ni CD, ni DVD !), ni même un petit "best of".
Pas de saturation de l'auditeur, mais pas non plus de passage à vide tant au niveau de la fréquence de sortie que des qualités musicales et créatives de leur production. Dans ce courant du rock progressif souvent décrié, le quatuor nordique semble nager avec aisance faisant fi des remous, juste en dessous des références du genre, mais toujours au-dessus de la masse des imitateurs doués en technique mais sans imagination propre. Vous pouvez vérifier sur tous les sites où apparaissent des chroniques de leurs albums, en notes ramenées à 10, pas une au-dessous de 6, mais une au-dessus de 8. Quant à MW, il semblerait que la barre soit bloquée à 7 ...
Au pays des Vikings on est plus habitué au rock tonitruant, voire métallique, ou alors au prog mélancolique pour ne pas dire triste, ce qui fait de Galleon une sorte d'exception culturelle. La musique des Scandinaves traverse les années tout en douceur, étalant son néo-prog pas symphonique, pas sirupeux, pas sombre et pas ponctué de ces riffs de guitare sursaturée qui semble être incontournables dans beaucoup de productions récentes. Coté timing, le combo suédois est aussi régulier que dans sa qualité, puisque les huit titres qui forment ce "In The Wake Of The Moon" affichent des durées situées entre 6 et 9 minutes, donc ne cherchez ni épique ni impromptu.
L'album n'est pas autant sans relief, le style enjoué de "Mr Murphy", "Stages" ou "Wallflower" contraste bien avec les ballades bucoliques que sont "Rain" ou "InThe Wake Of The Moon".
Mais qu'ils donnent dans l'intimiste ou le démonstratif, les quatre musiciens démontrent une belle maîtrise de leur art. Le chant est agréable et les quelques passages où les voix s'additionnent sont du meilleur effet. Les passages instrumentaux, qui sont nombreux dans ces compositions aux durées généreuses, permettent de savourer quelques soli de guitare ou de clavier envoutants ("Childs play" ou "In The Wake Of The Moon").
Il ne manque à cet album qu'un titre phare ou deux pour décrocher la "recommandation MW". Si vous ne connaissez pas Galleon, ce dernier opus est une très bonne entrée sur la discographie de cet éternel outsider du milieu du rock néo-progressif.