Après l'énorme succès du précédent album, Ocean, "Eloy" se retire en France sur la côte Atlantique pour tenter de donner naissance à son digne successeur. C'est sur fond de conflit permanent entre les musiciens, notamment entre "Frank Bornemann" et "Jürgen Rosenthal", ce dernier auteur jusque-là de la totalité des paroles du groupe, et après une course effrénée contre le temps, que le groupe va malgré tout réussir à produire un nouvel album concept, dans la droite ligne de son prédécesseur.
Si "Eloy" s'est souvent vu reproché, à tort selon moi, de n'être qu'une pâle copie de Pink Floyd, nul doute que Silent Cries and Mighty Echoes y est fortement pour quelque chose. C'est tout d'abord l'introduction de Astral Entrace qui sonne comme un "Shine and you Crazy Diamond" vitaminé, puis les chœurs féminins de The Apocalypse qui rappellent les gémissements de "The Great Gig in the Sky". En cherchant la petite bête, l'auditeur pointilleux pourra même retrouver quelques passages de guitare acoustique semblant sortis d'"Animals".
Et alors ? En-dehors de cela, le style "Eloy" si bien mis en place dans Ocean se retrouve ici, dans des sonorités modernisées, avec une inspiration similaire : thèmes multiples prenant le temps de se décliner à souhait, et dont les enchaînements font passer l'auditeur d'une ambiance planante (The Apocalypse) à des atmosphères dynamiques et inquiétantes, portées une nouvelle fois par la basse de "Peter Matziol", et dans lesquelles les couches sonores de guitare et synthés en tous genres viennent se superposer les unes aux autres. Conséquence du conflit évoqué précédemment ou prémices de son futur départ ? Une fois passée la première plage, les formidables parties de percussions de Jürgen Rosenthal sont ici beaucoup plus discrètes qu'à l'accoutumée, ceci ne nuisant toutefois pas à la qualité de l'ensemble.
Si l'on devait apporter un léger reproche à cet album, il tiendrait dans la relative uniformité de tonalité d'un titre à l'autre, Pilot to Paradise se retrouvant ainsi un peu trop dans la même mouvance que les deux premières longues plages de l'album. Malgré cela, cette nouvelle production du groupe allemand, la dernière de son époque dite dorée, Silent Cries and Mighty Echoes est un nouvel album que tout amateur du rock progressif planant/musclé des allemands se doit de posséder.