Presque trois ans jour pour jour après "Seasons Of Tragedy", Benedictum enclenche son retour discographique avec "Dominion", troisième album du quintette américain. Le groupe a beaucoup tourné entre 2008 et 2010, notamment par des apparitions remarquées dans des festivals importants, mais a aussi subi un sérieux remaniement. En effet, un nouveau claviériste ainsi qu’une section rythmique entièrement renouvelée apparaissent aux côtés des deux piliers de Benedictum, la chanteuse Veronica Freeman et le guitariste Pete Wells.
L’autre fait marquant se révèle par le changement de maison de disque. Ceux qui vénèrent le Hard Rock Mélodique et l’AOR de grande classe connaissent bien Frontiers Records. Voilà qui laisserait à penser que Benedictum serait prêt à dévier de sa ligne de conduite originelle vers un propos plus sage et calibré…Cependant, l’écoute approfondie de "Dominion" ne dévoile aucune ombre sur l'intégrité de ce groupe. Comme diraient quelques philosophes de la vieille école, "Ce n’est pas demain la veille" que Benedictum va virer sa cuti.
"Dominion" bénéficie d’une production énorme dispensée par une valeur montante dans le métier, Ryan Greene, connu pour son travail avec Megadeath et F5. La verve de Veronica Freeman est bien entendue toujours d’actualité. La chanteuse assure une sacrée performance, tout en modulant quand même un plus que sur "Seasons Of Tragedy". Pete Wells, quant à lui, se montre très mordant grâce à son jeu particulièrement musclé et précis. Les nouveaux venus sont très à l’aise dans cette ambiance lourde et percutante. Le travail tout en puissance du binôme rythmique, bien soutenu par un claviériste qui apporte des sonorités modernes et presque indus (c’est flagrant sur le titre éponyme), tissent une toile extrêmement solide mais suffisamment souple pour pallier à toute forme de rigidité.
Le potentiel évolutif des Américains éclabousse sur "Dominion". Si la continuité dans un style largement mis en valeur sur l’album précédent est une nouvelle fois présente, l’influence de groupes européens comme Judas Priest et Accept s'en ressent de manière assez flagrante. Mais la puissance vocale de Veronica Freeman se révèle primordiale. Benedictum joue avec beaucoup d’assurance sur l’alternance entre brûlots fédérateurs ("At The Gates", "Grind It", "Bang" qui devrait ravagé en live) et pièces plus ambitieuses comme "Seer", "Prodigal Son" ou "Dark Heart" dont le contenu respectif méchamment Heavy va ravir les Headbangers de tous horizons. Le Métal Prog est également à l’honneur sur "Dominion", amorcé par le langoureux "Loud Silent" et concrétisé sur un "Epsilon" de haute volée. Pete Wells se gratifie même d’un court mais très touchant instrumental, "Beautiful Pain", en forme de pont entre "Shadowlands" et "Dark Heart".
"Dominion" se fait porteur d’une certaine forme de diversité en terme de Heavy / Power Metal ultra efficace mais concrétise surtout avec force et détermination tous les espoirs placés sur Benedictum. Sans encore faire partie des incontournables du courant sur lequel ils surfent de mieux en mieux, les Californiens pourraient bien vite jouer les troubles fêtes chez Frontiers Records, qui en signant cette formation aussi persuasive que montante, s’ouvre une robuste perspective vers des contrées hautement métalliques et cloutées.