Quatre années se sont écoulées depuis la dernière production d'Eloy, "Metromania", qui n'a pas laissé un souvenir impérissable. Loin d'abandonner son bébé, Frank Bornemann continue de composer pour le groupe, désormais réduit à sa plus simple expression puisque composé du seul homme au béret et de Michael Gerlach, nouveau venu dans l'aventure et responsable des claviers et programmations. Pour le reste ? Le duo fait appel à des musiciens de session pour compléter le line-up au gré des différents titres.
En cette fin des années 80, Eloy nous revient donc avec un nouvel album aux sonorités plus que contemporaines. Rompant avec les ambiances cosmiques passées, le son proposé par "Ra" s'avère beaucoup plus tranchant, que ce soit dans les sonorités de claviers ou dans les différentes pédales de guitare. Quant à la batterie, le plus souvent programmée, elle se retrouve mixée outrageusement en avant et révèle dès le premier titre, "Voyager Of The Future Race", des intonations pachydermiques qui s'avèreront plutôt pénibles sur la durée.
Car c'est bien là que le bât blesse sur cet album du renouveau, celui qui débute l'ère moderne du groupe. Après une ouverture plutôt réussie, la suite de l'album s'enlise dans des plages mid-tempo manquant de relief et dans lesquelles l'absence des fameuses sections rythmiques du groupe, menées notamment par l'incroyable bassiste Peter Matziol, ramène à sa plus simple expression le rendu plus que lourdingue et répétitif des programmations accolées à la majorité des titres. Rescapé de ce naufrage, "Invasion Of A Megaforce", comme par hasard le seul titre dont la section rythmique s'avère entièrement humaine, apporte un peu de variété et de dynamique à un ensemble beaucoup trop uniforme et tellement loin de l'inspiration des années 70.
Malgré tout cela, l'album réussit à se placer dans les charts allemands, les fans ayant sans doute été frustrés d'une aussi longue absence. Bien que d'une écoute agréable, ce "Ra" ne restera pas dans les mémoires, s'avérant comme un des plus faibles albums de la formation. Une fois la joie des retrouvailles passée, le soufflé retombera bien vite, repoussant cette galette loin dans les envies d'écoute des fans du groupe.