Chers Didier, François, Jean, Bruno, Marc et Daniel,
Vous voilà donc revenus parmi nous, cinq longues années après "L'Ombre et la Lumière". D'aucun penserait qu'il était temps. Pensez donc, brandir l'étendard du Hard Rock déclamé dans la langue de Molière au pays des bérets, voilà qui pourrait déjà paraître peu porteur, mais attendre une demie-décennie avant de sortir un nouvel opus, c'était carrément flirter avec la Grande Faucheuse du Rock, celle qui dégomme les combos mort-nés avec l'assurance d'un maître-samouraï.
Mais il sera dit que le palois aime prendre son temps pour travailler et nous ne vous tiendrons donc pas grief, chers amis béarnais, d'avoir souhaité procéder avec application dans la réalisation de votre cinquième disque, que vous avez choisi d'appeler "Récidive" même si votre sextet a connu un récent changement de personnel, puisque Monsieur Lahargue tient désormais, et ce d'une magistrale façon, les claviers. Une longue attente, certes, mais 15 titres au programme pour 70 minutes de mélopées. Voilà qui pourrait passer pour une compensation, à condition, bien entendu, que la musique soit bonne comme disait l'autre.
Pour commencer, nous tenons à vous féliciter, Monsieur Merle, pour la production de cet album. En effet, jamais Manigance n'avait sonné aussi efficacement, ce qui ressort particulièrement sur les guitares, dont le côté heavy satisfera, à n'en pas douter, plus d'un headbanger et sur la batterie, mettant ainsi en valeur le jeu hallucinant, Mike Terrana peut s'accrocher, de Monsieur Pouylau. Votre Hard Rock mélodique, qui lorgne souvent vers le FM des 80's (les claviers y sont pour beaucoup), avec de légers éléments progressifs habilement distillés, est toujours maître à bord, pour la plus grande joie de vos afficionados qui, à l'écoute de vos productions, peuvent ressentir un brin de nostalgie, à l'époque où Sortilège n'était pas un cours suivi par les élèves de Poudlard. Vous êtes donc ici restés ancrés aux valeurs qui sont les vôtres et qui font votre succès. "Récidive", à ce titre, porte fort bien son nom, ce d'autant que vous avez persisté et signé en gardant notre langue pour déclamer vos textes, sombres, fédérateurs, guerriers et engagés (partisans ?) mais toujours portés par un certain lyrisme. Il faut dire que vous avez, Monsieur Delsaux, hormis une belle plume, une râtelle qui s'accommode parfaitement à l'exercice et qui n'est pas loin d'évoquer celle de Ronnie Atkins le frontman de Pretty Maids, groupe duquel Manigance se rapproche d'ailleurs par l'alliage mélodico-heavy dont est constitué son Métal.
Vous avez sorti avec ce "Récidive", Messieurs, qu'il vous le soit dit sans ambages ni flatterie, votre meilleur album. Comment en effet ne pas être estomaqué par la puissance dégagée par "Larme de l'Univers" et ses mélodies atomiques qui nous font énormément penser au susnommé Sortilège ou l'exceptionnel "Dernier Allié" son fulgurant refrain et son solo au diapason, et par le tubesque "L'Ombre d'Hier" qui passerait sur toutes les radios de France et de Navarre si les diffuseurs d'ondes du pays cessaient de recruter dans les champs de courgettes. Comment ne pas rester sans voix devant les deux visages de "Délivrance" qui voit s'entrechoquer la férocité d'une attaque de feu avec la limpidité du refrain et du magnifique break à la guitare sèche, les tonitruantes guitares de "Récidiviste" dont le break tumultueux nous renvoie à Helloween ou l'envoutant "Champ de Bataille" et ses riffs implacables. Comment ne pas mettre chapeau bas devant l'exercice périlleux de l'instrumental avec un "Vertiges" qui pourrait en faire pâlir de jalousie plus d'un ou devant la classique ballade du hard-rocker transi, avec ce "Sans Détour" acoustique remarquablement réussi même dans les textes, là où le bât blesse sans cesse.
Vous n'êtes pas sans savoir qu'après une semaine, "Récidive" a été classé N°1 des ventes Métal sur Amazon, voilà qui est une récompense méritée. Nous délaisserons donc quelques instants notre fédérateur signe des cornes pour croiser les doigts afin de vous souhaiter de connaître le succès que vous méritez sur les marchés et les scènes de la planète.
Dans l'attente de vous voir en concert,
Nous vous prions d'agréer, Messieurs, l'expression de nos salutations admiratives.