Syndone est un groupe italien qui voit le jour en 1990. Constitué autour du pianiste et compositeur Nik Comoglio, le groupe enregistre coup sur coup "Spleen" (1992) puis "Inca" (1993) avant de replonger dans l'oubli. Avec "Melapesante", Nik Comoglio fait renaître Syndone de ses cendres avec un line-up complètement renouvelé. Entre 1993 et 2010, Nik Comoglio n'est pas resté inactif puisqu'il a sorti quelques albums solos, écrit des musiques de film, des jingles pour la pub, arrangé des chansons de Jacques Brel dans le cadre d'un spectacle théâtral retraçant la vie du chanteur belge, composé pour divers artistes, y compris classiques, et a été jusqu'à commettre un opéra inspiré de Pinocchio, "Anima Di Legno".
Un éclectisme qui se retrouve dans la musique de "Melapesante". Car cet album, loin d'être un long fleuve tranquille, fait preuve d'une belle diversité qui devrait ravir les mélomanes les plus exigeants en quête d'émotions fortes. Ainsi les amateurs de musique classique contemporaine ne pourront que se réjouir d'un "Allegro Feroce", dans lequel un piano rappelant Satie virevolte sur des nappes d'alto et de violoncelles ou d'un "Malo In Adversity" au piano saccadé et pressé qui renvoie à Debussy, Ravel ou, plus près de nous, à Art Zoyd, avant d'introduire un chorus de cuivres digne de Gershwin.
Puis place au jazz-rock dans des titres tels que "Mela Pensante" et "Mela Di Tell" parsemés de mini-breaks instrumentaux improvisés. Le groupe aborde ensuite avec le même bonheur de magnifiques titres prog aux mélodies sensibles ("Melapesante", "Magritte", "Dentro L'Inconscio"), fait un clin d'œil aux comédies musicales américaines ("Mela Pensante") et clôt l'album d'un boogie digne des élucubrations d'un Keith Emerson en grande forme ("4 Hands Piano Boogieprog").
La finesse des compositions, ni trop lisses, ni trop intellectuelles, est très bien mise en valeur par le jeu de Nik Comoglio qui privilégie la sensibilité à une inutile démonstration de technicité et tire de ses claviers une large palette sonore qui renforce encore l'impression de variétés des titres. Enfin, il est impossible de ne pas parler de la performance vocale de Riccardo Ruggeri. Ce chanteur sublime les morceaux de son chant théâtral, mais pas trop forcé, hybride d'un Peter Hammill et d'un Freddie Mercury transalpin, capable de passer rapidement d'éructations rocailleuses à une grande douceur, et même d'imiter le temps d'un titre le style post-rock de Sigur Ros.
Syndone s'avère en ce début d'année 2011 une excellente surprise et se positionne d'ores et déjà pour figurer parmi le top 5 de MW. En tout cas, une découverte que tout amateur de musique progressive se doit de faire.