Devinette. Que font deux gars affiliés à The Ocean - en l’occurrence Robin Staps, son actuel guitariste, et Jan Oberg, qui gueulait dans le micro en 2007 - lorsqu’ils décident de monter un side-project ? Du blues ? Non (quoique l’intro à la slide de "A Feast For Vultures"…). De la pop ? Ca va pas, non ! Du Stoner ? Ah, on se rapproche. Du Sludge ? Aussi.
Vous l’aurez donc deviné, Earthship, fruit de cette union, braconne sur des terres voisines de celles de The Ocean, en cela qu’il conserve des attaches qui font plus qu’affleurer à la surface (en terme de chant notamment) avec le Metal ultra lourd et le Sludge épais. Mais, comme son nom et le visuel de sa première giclée d’huile, Exit Eden, le suggèrent, le nouveau groupe, seulement mis en branle l’an dernier, affiche des traits tout simplement plus dépouillés, plus Rock que le principal port d’attache du guitariste.
Pas de longs développements entre rage et maillage atmosphérique ici, les morceaux sont ramassés ("Soul Embedded", "Caught In A Storm" et ses deux minutes au compteur) et ne perdent jamais de temps en palabres inutiles. Ils font copuler le Stoner Doom graisseux façon High On Fire avec la musique de mammouth énervé à la Crowbar, à laquelle on est parfois bien obligé de penser.
Vu le métier des mecs en présence, Exit Eden, c’est l’assurance d’un bon coup de massue sur la tête, d’une chape de plomb bien Heavy aux entournures et de rythmes préhistoriques qui arrachent la tapisserie. Les amateurs de cette sous-chapelle seront ravis, d’autant plus que les Allemands n’hésitent pas à injecter parfois pas mal de mélodie à leur Sludge minéral, comme le montre les harmonies de guitares illuminant "Bleak" ou bien la pause acoustique – mais pas mièvre – "Grace" cependant qu’ils savent faire suinter de leur metal une espèce de tristesse poisseuse à l’image de l’instrumental final " … As If She Were A Black Bird".
Rien à dire donc, ça joue bien, c’est parfaitement maîtrisé mais Earthship devra toutefois à tout prix dépasser son simple statut de joujou, aussi lourd et agressif soit-il, pour espérer s’imposer durablement. Car en effet, on ne peut s’empêcher à l’écoute de cette galette d’avoir le sentiment qu'il s'agit plus d'une bande de potes qui a envie de se faire plaisir (c’est très bien) que d'un projet véritablement sérieux sur le long terme quand bien même sa sincérité ne fait aucun doute. Mais ne boudons surtout pas notre plaisir, Exit Eden se délestant de onze petits morceaux d’un Sludge Doom intense et mélodique, poussiéreux et granitique.