Suidakra fait partie de ces éternels Poulidor du metal (pas si) extrême allemand qui, malgré un bon paquet d’albums sous le bras (une dizaine déjà depuis 1994) et au gré d’incessants changement de labels et de personnels (ceci expliquant – entre autres – sans doute cela) n’est jamais réellement parvenu à s’imposer hors de l’ornière de la série B. Pourtant, bien avant tout le monde, le groupe, dirigé depuis ses débuts par le capitaine au long court Arkadius, a mélangé dans sa marmite Death Metal saupoudré d’une discrète pincée de Black et d'inspirations celtiques et folkloriques, faisant de lui une sorte de version extrême de Skyclad, dont il a d’ailleurs repris le "One Peace Puzzle" sur The Arcanum.
Ainsi, bon an mal an ou presque, les Teutons vidangent une nouvelle offrande dans l'indifférence générale. Mais ils y croient encore. Ils n’ont pas tout à fait tort, comme le démontre ce Book Of Dowth finalement des plus sympathiques, à sa modeste mesure bien entendu, et qui confirme la bonne impression laissée par Crógacht après un Caledonia inégal.
Alternance de respirations celtiques savoureuses ("Mag Mell", "Birog’s Oath", emmené par un chant féminin charmant) et de titres plus péchus directement alimentés au death (trop) mélodique ("The Dark Mound", "Battle-Cairns", "Fury Fomoraigh") bien que toujours inspirés des légendes celtes mais d’une banalité regrettable, cette nouvelle offrande prouve que les Allemands se révèlent étonnamment meilleurs et tout simplement plus enthousiasmants lorsqu’ils privilégient les premières aux seconds. On en viendrait presque à espérer que Suidakra se décide enfin à choisir clairement son camp et donc de préférence plutôt celui du metal folklorique où il fait preuve d’une réussite, certes modeste, mais rafraîchissante à défaut d’être originale.
En définitive, Book Of Dowth, œuvre de mercenaires connaissant leur métier, s’écoute avec plaisir, ce qui ne l’empêchera pourtant ni de rejoindre assez vite une étagère sur laquelle il prendra ensuite la poussière, ni de maintenir ses géniteurs dans leur posture d’équipe de seconde division. La donne reste de fait inchangée pour ce groupe dont on a l’impression qu’il a raté le coche à un moment de sa carrière, à l’époque où il était signé chez Century Media et bénéficiait de la production d'un Andy Classen. Mais on les aime bien quand même ces Allemands…